Après une période de vents contraires liés au Covid, les secteurs de la construction et des concessions sont repartis de plus belle. Les travaux surtout, portés par des thématiques d’actualité comme les transitions énergétiques et écologiques, ont de beaux jours devant eux. 

Et dans ces domaines, la France ne manque pas de pionniers : Eiffage, Vinci et Bouygues entre autres. Aujourd’hui, nous analysons Eiffage, seul pure player de la construction et des concessions, ses deux principaux concurrents étant plus diversifiés. 

Un leader du secteur du BTP et des concessions

Eiffage est un des leaders européens des secteurs du BTP et des concessions. Le groupe aux 73 500 salariés réalise près de trois-quarts de son activité dans l'hexagone. Il présente la singularité de disposer d’un actionnariat salarié qui représente 19% du capital (80% des salariés sont actionnaires !), ce qui est très élevé pour une boite cotée de cette taille. 

Le chiffre d’affaires de l’entreprise est réparti entre quatre branches. La construction, pour répondre aux nouveaux enjeux, dont la transition énergétique, via la promotion et la rénovation de zones urbaines. La branche infrastructure conçoit, réalise et entretient des ouvrages terrestres et maritimes. Les énergies systèmes interviennent dans les bâtiments, dans le but de moderniser les usines et d’améliorer la qualité en ville. Enfin, les concessions, division la plus rentable du groupe, interviennent dans la maintenance et l’exploitation d’équipements publics, d’infrastructures de transport.

Une dynamique de résultats positive : des atouts à faire valoir 

Face aux défis auxquels se confronte Eiffage, les attentes des investisseurs sont fortes. En effet, un sentiment général de méfiance domine quant au manque de visibilité sur l’évolution de la transition énergétique et écologique. 

Eiffage pourtant ne fait pas le dos rond et va de l’avant : les résultats à fin 2021 (les derniers disponibles sur une année complète) sont supérieurs (déjà) à 2019, ce qui correspond à la dernière année de référence pour le secteur. Le chiffre d’affaires a ainsi augmenté de 3,2%, à 18,7 milliards d’euros sur la période. La marge nette, quant à elle, s’élève à 4,15% en 2021, un niveau record, contre 4% en 2019.  

Pour 2022, la dynamique n’a pas changé : les résultats semestriels font ressortir une croissance sur les quatre branches d’activité. Le résultat opérationnel est aussi en croissance, à 925 millions d'euros, soit une marge d’exploitation de 9,8% du chiffre d’affaires au premier semestre 2022 contre 7,8% du chiffre d’affaires au premier semestre 2021. 

Même s'il est bon de rappeler que les performances passées ne présagent pas des performances futures, il faut dire qu’Eiffage est bien orienté. D’autant plus que le carnet de commandes du groupe s'élève à 18 milliards d’euros au terme du premier semestre 2022 : il est en hausse de 9% sur un an et correspond à une visibilité de presque un an de chiffre d’affaires.


graphique - évolution du compte de résultat d’Eiffage (Source Zonebourse)

L’entreprise travaille aussi sur la réduction de son endettement net. Et c’est une bonne chose au vu de la remontée des taux d'intérêts. Il est ainsi passé à 9,3 milliards d’euros à fin 2021, reflétant une baisse de 11,5% par rapport à 2018. C’est plus significatif si l’on regarde le ratio de dette nette sur EBITDA, qui est passé de 4,95 fois en 2020 à 2,95 fois pour cette année. Les groupes du secteur sont structurellement plus endettés que la moyenne, mais il va de soi que des ratios en nette amélioration sont un atout non négligeable. 

Un point notable concerne les concessions : elles sont très rentables et correspondent au poumon du groupe. Alors que les concessions ne représentent que 16,2% du chiffre d’affaires de l'entreprise, elles sont responsables de 69% du résultat opérationnel courant. Et Eiffage entend bien exploiter ce segment de marché durablement : 2022 aura été une année riche de projets pour la branche. Notons par exemple l’Arena de Reims dont l’exploitation est prévue sur 25 ans pour une valeur de contrat de 75 millions d’euros ; le stade nautique de Mérignac pour une valeur de 47 millions d’euros ou encore la nouvelle portion de l’A79 entre Mâcon et Montmarault qui devient le premier service de péage à flux libre (sans barrières) en France.

Une valorisation attrayante 

On l’aura compris, la visibilité est bonne pour Eiffage. Et pourtant, en bourse, les investisseurs ne récompensent pas le groupe. En effet, le PER estimé pour 2022 s’élève à 10,4. Il se révèle inférieur à la moyenne sur cinq ans qui porte le PER à 14,5. A titre de comparaison, son concurrent Vinci, qui est plus international et diversifié, affiche un PER de 13,7.


Pourtant, jamais la rentabilité et le volume d’affaires n’ont été aussi élevés. Face aux enjeux des transitions écologiques et énergétiques, les besoins de nouvelles constructions bas carbone et de rénovation sont immenses. La demande est forte et Eiffage va profiter de cet élan. 

Le cours de bourse de la société avait atteint ses plus hauts début 2020 à 111,7 euros, avant la chute liée au Covid. Depuis, l’entreprise n’a plus dépassé la barre des 100 euros.

 

graphique - évolution cours Eiffage depuis les plus hauts de 2020

Des fondamentaux solides, des résultats en progression constante, un actionnariat stable et un rôle à jouer dans les nombreux changements de notre société : Eiffage ne mérite probablement pas d’être une des entreprises européennes du secteur les moins bien valorisées.