Rares sont les micro-caps à susciter un véritable engouement ces jours-ci. L’équipementier télécoms Ekinops s’est pourtant distingué la semaine dernière, en s’envolant de 28% le jour de la publication de remarquables résultats semestriels. Entretien avec son PDG, Didier Brédy.

Didier Brédy, pouvez-vous nous rappeler en quoi consiste l’activité d’Ekinops ?

"Ekinops est un fournisseur de solutions de télécommunications pour les opérateurs telecoms et les fournisseurs de services. Nous sommes plus de 450 collaborateurs dans l’entreprise, dont la moitié en R&D. Face à nos principaux concurrents que sont Nokia, Cisco ou Huawei, nos solutions programmables et évolutives permettent le déploiement rapide de nouveaux services de transport optique, ainsi que des services d'entreprise, notamment à travers la virtualisation des réseaux. Depuis l’acquisition de OneAccess en 2017, qui nous a permis de quadrupler notre taille pour dépasser les 84 M€ de chiffre d’affaires en 2018, notre offre est double et complémentaire mais surtout l’une des plus complètes du marché. D’une part, la plateforme Ekinops360, afin de répondre aux besoins des réseaux métropolitains, régionaux et longue distance, pour la couche 1 des réseaux optiques qui permet le transport des données. Et d’autre part, les solutions OneAccess, qui offrent des choix de déploiement, physiques et virtualisées, pour les couches 2 et 3 : liaison/commutation des données et réseau/routage des données. Nous fournissons donc à la fois des équipements de transport optique, des routeurs d’entreprise, et la partie software, qui est notre gros point fort chez Ekinops, tout en sachant que la partie software pèsera de plus en plus, et va véritablement révolutionner notre secteur."

Vous avez rejoint l’entreprise en 2005, peu après sa création. Depuis, les levées de fonds se sont régulièrement succédées afin d’accélérer la croissance, faute de capacité d’autofinancement. Comment voyez-vous les années à venir ?

"Nous sommes une société technologique, positionnée sur un marché en croissance d’environ 10% par an, il nous a fallu investir lourdement pour atteindre une taille qui nous permet aujourd’hui d’être fournisseur de 16 des 30 plus gros opérateurs mondiaux et d’être l’un des rares acteurs dans le monde à maîtriser les couches 1, 2 et 3 des réseaux. Mais désormais, nous avons atteint la taille critique depuis 2017 avec l’acquisition de OneAccess, et complété notre offre cette année avec l’acquisition en juillet dernier de la brique technologique qui nous manquait pour accéder aux gros réseaux optiques. Cette acquisition de la technologie OTN, qui nous a coûté 10 M€, doit nous permettre de tripler notre activité transport optique d’ici 5 ans. Disposant aujourd’hui du bon produit au bon prix sur toute la gamme de solutions, nous sommes dans d’excellentes dispositions pour prendre des marchés à nos grands concurrents. Notre croissance organique, qui s’est établie à 14% en 2018 et à 7% au 1er semestre, va pouvoir maintenant accélérer très fortement sur certains segments, notamment en Amérique du Nord où nous attendons plus de 30% de croissance en 2019, en l’absence de concurrence chinoise qui avait tendance à tirer les prix vers le bas. Quant à la croissance externe, elle n’est aujourd’hui pas d’actualité. Le temps est venu de récolter les fruits après ces années d’investissement afin de construire une offre mondiale et complète."

A quels types de marges pouvez-vous prétendre ?

"Au 1er semestre, sur un chiffre d’affaires de 45 M€, nous avons dégagé une marge brute de 55,3%, ce qui est plutôt élevé sur notre secteur. Nous pensons pouvoir conforter ce niveau de marge grâce au poids croissant des ventes de logiciels et des services par rapport aux ventes de hardware. De plus, nous allons augmenter la valeur ajoutée de nos applications. Ensuite, notre poste de charges opérationnelles R&D, qui représente 20% de notre chiffre d’affaires, devrait croître moins vite que l’activité ces prochaines années. Couplé à une bonne maîtrise des frais commerciaux, de marketing et généraux, l’objectif de croissance à long terme à deux chiffres des ventes devrait faire levier sur notre résultat. Hors charges exceptionnelles (fusions/acquisitions essentiellement), nous aurions déjà réalisé un résultat net positif dès le premier semestre de cette année. A moyen terme, il est encore difficile de se prononcer, mais l’ambition pour notre marge d’Ebitda, qui s’est établie à un niveau record de 17,9% au 1er semestre, est de rester à deux chiffres."

En Bourse, vos résultats semestriels ont été applaudis, le titre gagnant 28% le jour de la publication. Quelle est votre intéressement à la hausse du titre, sachant que le management ne détient que 1,8% du capital ?

"De nombreux salariés et le management ont été, au cours des années, motivés par des outils tels que les BSPCE, des stock-options, etc. Si l’on prend en compte les options et actions gratuites, le management avec les salariés d’Ekinops peuvent potentiellement détenir 10% de son capital. Mais les options ont un prix d’exercice proche ou plus élevé que le cours actuel, il faut donc pour cela que le cours poursuive sa progression !"