PARIS (Reuters) - Le projet de réorganisation des activités d'EDF fera l'objet d'un discussion spécifique au Parlement si les négociations sur le sujet avec la Commission européenne aboutissent, a déclaré mercredi la ministre de la Transition Ecologique, Barbara Pompili.

Le projet nommé Hercule, qui suscite une vive opposition des syndicats, prévoit notamment une séparation entre le parc nucléaire existant d'EDF et une grande partie de ses activités liées aux énergies renouvelables, ainsi qu'une ouverture du capital de ces dernières.

Sa mise en oeuvre découlerait d'une réforme de la régulation du parc nucléaire existant, connue sous le nom d'Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique), afin de garantir la couverture des coûts d'EDF.

"Nous ne sommes qu'au début du chantier. A ce stade, nous ne sommes pas encore parvenus à un accord global avec la Commission européenne et les échanges se poursuivent. Cela prend du temps, mais c'est aussi parce que le gouvernement tient bon sur les points essentiels du projet et parce qu'on veut qu'il soit solide", a dit Barbara Pompili lors d'un débat au Sénat.

"Si cette négociation ouvre le champ des possibles (...), jamais elle ne préemptera la voix des élus de la nation et l'indispensable discussion parlementaire sur l'avenir d'EDF avant toute réforme", a ajouté la ministre, précisant que le sujet ferait l'objet d'une "discussion spécifique".

"Non, nous n'allons pas dépecer EDF (...). Non, nous n'allons pas non plus démanteler le groupe. Et oui, évidemment, nous préserverons le statut des salariés", a également dit Barbara Pompili, soulignant que la réforme envisagée visait à doter EDF d'une structure à même de pérenniser ses activités, d'accroître ses perspectives de développement et de financer sa croissance.

La ministre, qui n'a pas fourni de calendrier de mise en oeuvre du projet, a également précisé que celui-ci n'aurait "aucun impact" sur les tarifs réglementés de l'électricité.

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a lui aussi assuré mardi que la transformation d'EDF n'aboutirait pas au "démantèlement" redouté par les syndicats et qu'elle visait à donner au groupe "les moyens de se développer", à la fois dans les renouvelables et le "nouveau" nucléaire.

"Aujourd'hui, EDF va dans le mur si nous ne sommes pas capables de lui donner les moyens d'investir", a-t-il également dit, soulignant que le niveau d'endettement du groupe n'était pas "soutenable".

BFM Business a rapporté mercredi que les négociations autour d'EDF suscitaient des "tensions extrêmes" entre Paris et Bruxelles, en raison de désaccords sur l'avenir de la branche commerciale et des barrages du groupe, et que les deux parties se donnaient désormais jusqu'à la fin du premier trimestre pour trouver un compromis.

(Benjamin Mallet, avec Gwénaëlle Barzic, édité par Nicolas Delame)