PARIS, 25 janvier (Reuters) - EDF a fini en forte baisse lundi à la Bourse de Paris sur fond de craintes d'un blocage du projet Hercule de réorganisation de ses activités et de son cadre réglementaire.

A la clôture des marchés, l'action a perdu 15,62% à 10,45 euros, signant la plus forte baisse de l'indice large européen Stoxx 600, qui a cédé 0,90%. Il s'agit de la pire séance du titre EDF depuis mars dernier.

Le gouvernement français discute avec la Commission européenne d'une réforme de la régulation du nucléaire français qui s'accompagnerait d'une réorganisation d'EDF, connue sous le nom d'Hercule, censée améliorer les capacités d'investissement et de financement du groupe.

Mais selon BFM Business, les négociations traînent et ne pourront pas aboutir dans les semaines qui viennent. La chaîne ajoute que le projet Hercule rencontre trop d'obstacles pour aboutir cette année.

J.P. Morgan se dit surpris en rappelant des informations antérieures faisant état d'un accord de principe entre les deux parties sur les points principaux.

"Cet article semble toutefois suffisamment bien informé pour nous amener à envisager que cela pourrait être le cas et qu'une impasse pourrait avoir été atteinte, aussi surprenant que cela puisse paraître", lit-on dans la note de J.P. Morgan.

"Six mois supplémentaires de discussions signifieraient que le projet Hercule ne serait probablement pas voté au Parlement avant la fin de l'année, une échéance cruciale pour le gouvernement s'il veut parvenir à le mettre en oeuvre avant l'élection présidentielle de 2022", ajoute la banque.

La France n'a pas sollicité auprès de la Commission européenne une prolongation des discussions en cours sur le projet de réorganisation des activités d'EDF, a toutefois déclaré une source proche du ministère de l'Economie et des Finances.

"Cette négociation est en cours et il n'a pas été demandé de toute façon un délai supplémentaire pour l'amener à bien", a dit la source, ajoutant que les discussions en cours entre Paris et Bruxelles étaient approfondies et entretenues de manière régulière.

Le projet Hercule, soutenu par le gouvernement français, prévoit notamment une séparation entre le parc nucléaire existant d'EDF et une grande partie de ses activités liées aux énergies renouvelables, ainsi qu'une ouverture du capital de ces dernières, ce qui constituerait selon les syndicats un premier pas vers un démantèlement et une privatisation.

Un feu vert de la Commission européenne à ce projet est nécessaire pour des questions de concurrence.

L'État français, qui détient une participation d'environ 83,7% dans le capital d'EDF, veut s'assurer que le groupe dispose de ressources financières suffisantes pour son activité nucléaire et pour le développement des énergies renouvelables.

L'information de BFM Business, démentie par le ministère des Finances, indique que la restructuration d'EDF pourrait ne pas intervenir avant 2023.

Une source à EDF et une source syndicale ont déclaré que rien n'avait été annoncé en interne. Selon l'une des sources, un report de la réforme et de la réorganisation à 2023 serait cependant "inquiétant" pour les finances du groupe. (Leigh Thomas, avec Patrick Vignal et Benjamin Mallet; édigé par Christian Lowe; version française Claude Chendjou, édité par Marc Angrand et Jean-Michel Bélot)