En hausse de 4,38% à 9,58 euros, EDF signe l'une des plus fortes progressions du SBF 120 dans la perspective d'une prochaine réforme de la régulation du parc nucléaire français. Reuters a en effet publié hier soir une dépêche révélant que l'électricien public s'attendait à ce que les discussions entre la France et la Commission européenne au sujet du projet de réforme du dispositif de l'Accès régulé à l'électricité nucléaire historique (Arenh), mises à l'arrêt par la pandémie au premier semestre, aboutissent très vite.

L'objectif de cette réforme est de garantir la couverture des coûts d'EDF tout en préservant les consommateurs de hausses de prix trop importantes.

Depuis 2011, EDF est obligé de céder une partie de la production d'électricité d'origine nucléaire à ses concurrents au prix fixe de 42 euros du mégawattheure. Or, ce prix est le plus souvent inférieur au prix de marché.
Ce dispositif imposé par Bruxelles a permis l'essor de la concurrence (Engie, Total, Eni, etc), mais pèse fortement sur les comptes d'EDF.

Une situation d'autant plus fâcheuse pour le groupe qui, dans les prochaines années, doit investir dans la rénovation du parc nucléaire existant. Le coût de ce programme, baptisé " grand carénage ", est pour l'instant évalué à 51 milliards d'euros en dix ans.

Dans le nouveau mécanisme que souhaite mettre en place le gouvernement, EDF devra mettre sur le marché la quasi-totalité de sa production nucléaire.

En contrepartie, le prix serait fixé dans un "corridor", avec des prix plancher et plafond qui restent à déterminer, permettant à la fois d'assurer la couverture des coûts complets du parc nucléaire de l'électricien public - avec une "rémunération raisonnable" des actifs - mais aussi de limiter l'impact sur les consommateurs de la hausse tendancielle des prix de marché.

Toujours selon Reuters, EDF a prévu de lancer sa réorganisation dès la réforme enclenchée.

Depuis 2019, le groupe planche sur sa restructuration, baptisé "projet Hercule".

Ce dernier prévoit que les activités dans le nucléaire, et peut-être les barrages hydrauliques, soient nationalisées. Cette société publique détiendrait entre 65% et 70% d'un groupe constitué des activités dans les énergies renouvelables, les services, la fourniture d'électricité aux particuliers, et la distribution (Enedis).

Ce scénario circule depuis fin 2017 et la scission par la concurrent allemand d'EDF, RWE, de ses activités traditionnelles d'énergie avec celles plus prometteuses dans les énergies vertes et les services.

Selon les analystes, cette scission apportera de la valeur aux actionnaires qui deviendraient propriétaires d'un groupe aux perspectives plus visibles et plus performant sur le plan opérationnel.

Dans une note publiée ce matin, Barclays estime que la réforme pourrait être adoptée dès la fin de l'année, ce qui constituait un changement de cap très positif pour EDF, dont le titre est sous-valorisé. Aussi, le broker a confirmé sa recommandation Surpondérer et son objectif de 12,5 euros sur la valeur.