PARIS, 27 novembre (Reuters) - Emmanuel Macron est
attendu à Washington la semaine prochaine dans le cadre d'une
rare visite d'État visant à discuter, notamment, de l'amitié
franco-américaine et de l'impact sur l'industrie européenne de
la loi sur la réduction de l'inflation de Joe Biden.
L'abandon par Canberra, il y a plus d'un an, du pacte Aukus
avec la France sur la fourniture de sous-marins, au profit d'une
alliance avec Washington et Londres, a mis à mal les relations
franco-américaines. Les deux pays devraient cependant faire
preuve d'unité face aux menaces communes que représentent la
Russie et de la Chine.
Les Européens estiment que la loi américaine sur la
réduction de l'inflation (IRA) et les subventions massives
accordées aux fabricants américains qui en découlent, pourraient
encore plus pénaliser leurs industries, déjà ébranlées par les
prix élevés de l'énergie.
Emmanuel Macron tentera de convaincre les États-Unis qu'il
est dans leur intérêt de ne pas affaiblir les entreprises
européennes à un moment où les alliés occidentaux sont
confrontés à une concurrence économique intense de la part de la
Chine.
Le chef de l'État tentera de négocier des exemptions pour
les entreprises européennes sur le modèle de celles que le
Mexique et le Canada ont déjà obtenues, selon un conseiller
présidentiel français.
La France peut demander d'être exemptée d'un certain nombre
de ces droits ou limites mais "il faut qu'on se pose la vraie
question : quelle mondialisation avons-nous devant nous ?", a
déclaré dimanche sur France 3 le ministre de l'Économie, Bruno
Le Maire, qui fera partie de la délégation française à
Washington.
"La Chine privilégie ses productions chinoises, l'Amérique
privilégie ses productions américaines, il serait peut-être
temps que l'Europe privilégie ses productions européennes",
a-t-il ajouté.
Les questions énergétiques figureront également en bonne
place dans les discussions à la Maison Blanche, la France
espérant stimuler la coopération en matière d'énergie nucléaire.
Emmanuel Macron souhaite que la France construise davantage
de réacteurs nucléaires, mais elle est confrontée à des
problèmes de corrosion dans ses centrales vieillissantes.
EDF a fait appel à des centaines de travailleurs
spécialisés, notamment des soudeurs du fabricant américain de
centrales nucléaires Westinghouse, pour aider à résoudre les
problèmes et éviter les pannes de courant en Europe cet hiver.
Emmanuel Macron se rendra également en Louisiane, où le
géant pétrolier TotalEnergies possède un important
terminal de gaz naturel liquéfié. Le président, qui s'est plaint
du prix élevé des exportations de gaz américain, a annoncé qu'il
aborderait cette question avec Joe Biden.
"Les États-Unis sont producteurs d'un gaz peu cher qu'ils
nous vendent cher", a-t-il déclaré aux industriels français le 8
novembre. "En plus de cela, ils ont pris des dispositifs d'aides
d'Etat massives sur certains secteurs qui sortent complètement
de nos projets du marché".
"J'irai donc avec beaucoup d'amitié et l'esprit d’allié en
visite d'Etat à Washington (...) pour plaider simplement la
possibilité d'une remise à niveau", a-t-il ajouté.
(Version française Kate Entringer)