l'énergie

PARIS (awp/afp) - Le personnel des industries électriques et gazières (IEG) et les usagers sont appelés à se mobiliser mardi pour appeler à la création d'un service public de l'énergie et dénoncer notamment le projet de réforme chez EDF avant son dénouement imminent.

"Nous sommes dans un moment fatidique et stratégique", explique Sébastien Ménesplier, le secrétaire général de la CGT-FNME, organisatrice de cette mobilisation, qui attend entre 12.000 et 15.000 personnes. "En interne, on entend +Hercule, c'est fini+. Rien n'est terminé, la réforme est toujours sur la table. Dans les jours qui viennent les choses vont se préciser".

Afin de peser avant le choix final d'Emmanuel Macron, le leader syndical, mobilisé depuis près de deux ans avec une interfédérale contre une réforme qui s'est enlisée dans les échanges entre la direction du groupe, l'Etat et Bruxelles, entend rassembler massivement lors de cette journée d'action. Une pétition rassemble déjà plus de 100.000 signataires.

Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, sera dans le cortège parisien entre place de la Nation (12h00) et République, rejoint par les fédérations CGT des cheminots, du service public ou du spectacle, ainsi que différents élus qui redoutent les conséquences sociales et locales de la réorganisation de l'électricien.

Des baisses de production dans les centrales sont également attendues alors qu'un appel à la grève a été lancé.

Initialement baptisé "Hercule", le projet "Grand EDF" vise à réorganiser le groupe, fortement endetté, pour lui permettre de se développer dans les renouvelables, tout en assurant de lourds investissements dans le nucléaire. Le projet vise aussi à régler un vieux contentieux avec Bruxelles sur les concessions hydroélectriques.

La Commission européenne, attachée à la concurrence, surveille des "subventions croisées" entre différentes filiales, comme par exemple un coup de pouce au nucléaire qui pourrait bénéficier à d'autres activités d'EDF au détriment d'autres acteurs.

Le projet traîne en longueur et les parties prenantes n'ont pas réussi à s'accorder tandis que les syndicats hurlent au démantèlement annoncé de leur groupe. Il n'y a "pas encore" d'accord garantissant l'unité du groupe, qui reste une "ligne rouge" de la France, a assuré début juin le ministre de l'Économie, Bruno le Maire.

"Partir d'une feuille blanche"

Depuis plusieurs semaines, le gouvernement s'est lancé dans des consultations bilatérales avec les syndicats, afin d'essayer de fissurer l'unité de l'interfédérale (CGT, FO, CFE-CGC, CFDT).

"Il y aurait deux fenêtres de tir en juillet et octobre pour un débat au Parlement, poursuit M. Ménesplier. Trois solutions se dessinent. La première, qu'il n'y ait pas de réforme et qu'il laisse le prochain président décider de l'avenir d'EDF. La 2e, la réforme telle qu'elle nous a été présentée depuis le début. La 3e, ce serait une moitié de réforme".

Dans ce dernier schéma, le gestionnaire du réseau Enedis, qui constitue le noeud du problème, "ne serait pas forcément intégré dans la société avec les énergies renouvelables et son capital ne serait pas ouvert. Le prochain président déciderait de l'avenir d'Enedis", décrypte-t-il. Cette 3e solution pourrait être "la réforme acceptable par certaines fédérations".

"Nous, on est contre la désintégration du groupe en trois sociétés. Pour discuter de l'avenir d'EDF, on doit partir d'une feuille blanche. Le préalable, c'est un bilan de la déréglementation et l'ambition de sortir l'énergie du marché, néfaste pour l'intérêt général", rappelle-t-il.

Selon la CGT-FNME, les prix du gaz et de l'électricité pour les particuliers ont ainsi augmenté de respectivement 80% et 60% depuis l'ouverture des marchés en 2007.

En marge d'EDF, une manifestation dans les industries électriques et gazières (IEG) est organisée pour dénoncer la "désintégration" d'Engie et le plan social chez GazelEnergie.

Le premier veut céder de gros actifs pour se concentrer sur les renouvelables tandis que dans le second, filiale du groupe tchèque EPH, 230 salariés vont subir la fermeture des centrales à charbon souhaitée par la France.

Pas représentatif dans les IEG, SUD-Energie, partisan d'un service public de l'énergie, joindra ses forces et juge "inacceptable que le gouvernement tente de passer cette réforme dans l'urgence, avant la présidentielle".

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