Si la réponse à cette question demeure incertaine, au moins Electronic Arts a-t-il le mérite de systématiquement retomber sur ses pieds — le titre était bien trouvé — grâce à un modèle d’affaires basé sur la réédition annuelle de franchises à succès dans le sport, ainsi que les emblématiques Star Wars et Battlefield.
Ce modèle de la réédition autour duquel son organisation est construite lui permet de contrôler sa distribution via sa plate-forme Origin, de maintenir des ventes régulières, et de garder sous contrôlé ses coûts de développement. EA évite ainsi l’écueil souligné tant de fois par Zonebourse chez d’autres éditeurs de jeux vidéos, par exemple avec GTA 6 est un pari type quitte ou double pour Take-Two, Paradox Interactive AB : Demi-surprise, ou Ubisoft : Espoirs déçus.
EA a d’autres atouts à faire valoir aux investisseurs : une très bonne position financière, sans dette nette ; une politique de rémunération en stock-options équitable et bien calibrée ; ainsi qu’une comptabilité transparente, puisque le groupe ne capitalise pas ses coûts de développement, ce qui simplifie grandement la lisibilité.
Mais cela ne résout pas le problème de la croissance, avec un profit cash — ou cash-flow libre — qui ne progresse qu’à un rythme annualisé de 3.4% par an sur la dernière décennie. Certes, comme EA réoriente la quasi-totalité de ses profits vers les rachats d’actions, par titre, ce rythme de croissance des profits est plus rapide puisqu’il atteint 5.9%.
Ces dix dernières années, le nombre de titres en circulation a ainsi été réduit d’un cinquième, de 330 à 264 millions d’actions sur une base diluée. Le groupe a généré $13 milliards de cash-flow libre en agrégat sur la perfide, dont $12.5 milliards ont été orientés vers les rachats de titres.
La valorisation actuelle de EA représente un multiple de vingt-deux fois le cash-flow libre. C’est sa moyenne historique, ou en tout cas celle observée depuis que le groupe a adopté cette politique de rachats d’actions massifs en 2013. Depuis cette époque, la valorisation n’est jamais tombée sous un multiple de x16 le cash-flow libre ; c’est dire comme le marché la plébiscite.
Mise en place par Andrew Wilson à son arrivée à la tête d’EA, celle-ci a en effet tout de suite rencontré les faveurs des investisseurs, en même temps qu’elle s’inscrivait dans une politique de rationalisation générale qui visait à épurer le catalogue de titres pour ne garder que les franchises les plus rentables.
La question que se poseront les analystes plus sceptiques, naturellement, sera d’évaluer jusqu’à quand cette stratégie sera tenable.