New York (awp/afp) - La Bourse de New York évoluait en légère baisse lundi, encore secouée par les bourrasques qui soufflent sur le secteur bancaire, mais limitait ses pertes grâce au secteur pharmaceutique et aux valeurs défensives.

Vers 14H20 GMT, le Dow Jones cédait 0,05%, l'indice Nasdaq perdait 0,10% et l'indice élargi S&P 500, 0,27%.

Les indices étaient en proie à une volatilité extrême, oscillant entre rouge et vert.

Inquiets du coup de grisou sur les banques, les opérateurs se sont rués sur les actifs jugés les plus sûrs, en premier lieu les bons du Trésor américains.

Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans tombait à 3,48%, contre 3,69% vendredi en clôture. Une vague d'achats d'obligations provoque une hausse de leur prix et une contraction de leur taux, qui évolue en sens opposé.

Outre l'aversion pour le risque, la détente des taux obligataires "suggère que le marché ne voit plus la Fed continuer à remonter ses taux au rythme imaginé la semaine dernière", selon Quincy Krosby, de LPL Financial.

Le taux à 2 ans, plus représentatif des anticipations du marché en matière de politique monétaire, dégringolait à 4,05%, contre 4,58% vendredi, une variation brutale qui ne se produit généralement qu'en période de très fortes turbulences sur les marchés financiers.

La perspective d'une Fed levant le pied à encourager certains investisseurs à repartir à l'achat sur les actions.

Le secteur pharmaceutique était en verve, porté par l'annonce du rachat de la biotech Seagen (+15,83%), spécialisée dans les traitements contre le cancer, par le géant pharmaceutique Pfizer (+2,04%), pour 43 milliards de dollars.

Les biotech Amgen et Gilead étaient recherchées, de même que les laboratoires Moderna (+5,09%) ou Eli Lilly (+4,19%).

Par ailleurs, une partie du secteur technologique tirait son épingle du jeu, de même qu'une série de valeurs dites défensives, c'est-à-dire théoriquement moins sensible à la conjoncture, telles que Johnson & Johnson (+1,99%), Procter & Gamble (+2,64%) ou Coca-Cola (+1,94%).

Mais le secteur bancaire restait malmené. Après la défaillance de Silicon Valley Bank (SVB) vendredi, une autre banque, la New-Yorkaise Signature Bank, a été fermée dimanche par les régulateurs, portant à trois le nombre d'établissements en faillite en moins d'une semaine.

Le Trésor, la banque centrale américaine (Fed) et l'Agence de garantie des dépôts (FDIC) ont annoncé garantir que l'ensemble des dépôts de SVB et Signature Bank resteraient accessibles aux clients. La Fed se prépare à prêter à toute banque qui en aurait besoin pour honorer des retraits.

Ils "essayent de ramener la confiance, mais il semble que cela ne fonctionne pas", a commenté Quincy Krosby, de LPL Fianncial. "La confiance est en train de s'éroder sur le marché. On l'observe particulièrement avec les banques régionales."

A l'ouverture, l'établissement californien First Republic était aux abois et chutait de 73,02%. La banque de San Francisco a perdu plus des trois quarts de sa capitalisation boursière depuis mercredi.

Malgré son statut de banque régionale, First Republic n'en est pas moins la 14e institution financière des Etats-Unis et pèse plus de 212 milliards de dollars d'actifs.

Elle n'était pas seule dans le viseur des investisseurs. D'autres enseignes régionales souffraient, notamment la Californienne PacWest (-54,74%), Western Alliance (-82,47%), dont le siège est situé à Phoenix (Arizona) ou Zions Bancorporation (-31,60%), de Salt Lake City (Utah).

La crainte d'une propagation de l'incendie à d'autres établissements crispait toute la place new-yorkaise. "La contagion, c'est la peur absolue", rappelait Quincy Krosby.

"On va aussi scruter les plus grandes banques et les assureurs", a souligné l'analyste. "Il semble qu'il y ait aussi quelques inquiétudes de ce côté. Si cela continue, cela signifiera que les investisseurs se débarrassent de ce qui touche aux institutions financières."

Sans décrocher dans les proportions de certaines enseignes régionales, Bank of America (-5,07%), Wells Fargo (-5,62%) ou Citigroup (-5,44%) prenaient l'eau.

"Le problème n'est pas du tout réglé, au moins dans l'esprit du marché", a abondé, dans une note, Patrick O'Hare, de Briefing.com.

L'indice VIX, qui mesure la volatilité du marché, s'est envolé lundi à un sommet de plus de quatre mois.

tu/abx