C'est fini. Isabelle Kocher a pris la porte d'Engie, remplacée par un triumvirat constitué autour de la secrétaire générale, Claire Waysand, nommée directrice générale par intérim. Depuis le début de l'année, les articles de presse se multipliaient pour annoncer l'éviction prochaine de la seule dirigeante du CAC 40 au terme d'un mandat de quatre ans. Selon ses détracteurs, soit manifestement l'ensemble du conseil d'administration, sa stratégie de sortie progressive des énergies carbonées, n'est pas en cause.

En revanche, elle aurait accumulé des erreurs stratégiques comme rater le rachat de l'allemand Innogy en 2017, ou celui de Direct Energie acquis en avril 2018 par Total.

Selon plusieurs sources citées par Les Echos, la brillante agrégée de physique et mère de cinq enfants militait par ailleurs pour un rapprochement avec Suez, contre l'avis de son conseil.

Mais les reproches sont tellement nombreux, jusqu'à la tribune de soutien publiée sur le site des " Echos " et signée par des gens opposés à Emmanuel Macron comme Anne Hidalgo, Cédric Villani ou encore Xavier Bertrand.

D'un point de vue financier, seul juge de paix des marchés, le bilan d'Isabelle Kocher apparaît contrasté.

Depuis son arrivée à la tête d'Engie, l'action n'a grimpé que de 17%, contre plus de 35% pour ses concurrents, RWE, Iberdrola, Endesa, Enel, E.ON.

Plus inquiétant, souligne un proche du conseil d'administration aux Echos, "le cash généré par les activités n'est pas suffisant pour financer les investissements et les dividendes. La dette n'a presque pas baissé depuis fin 2015, malgré les cessions réalisées sur la période. "

Et d'enfoncer le clou. Selon lui en 2019, ce sont les activités de trading de gaz et d'électricité et le nucléaire belge qui ont tiré la croissance des bénéfices et non les activités mis en avant par Isabelle Kocher, soit les énergies renouvelables et les solutions clients. Une dernière activité que peu (voire personne) ne parviennent d'ailleurs à cerner réellement.

Ce matin, les titres des notes analystes tournaient autour de la même idée : " Et après ? ".

Contrairement aux rumeurs, Engie n'aurait pas l'intention de se séparer des infrastructures gazières.

Pour UBS cependant le scénario d'une cession de sa filiale spécialisée dans le transport (GRTgaz) à l'Etat reste envisageable.

Selon le broker, l'opération permettrait d'aider le groupe à cristalliser sa valeur, à simplifier sa structure et réallouer son capital vers les activités de croissance (le renouvelable, les solutions clients).

Au-delà, UBS et Goldman Sachs prévoient des résultats 2019 en croissance et affichent leur confiance pour les années à venir. Les observateurs n'ont pas fini de commenter le sort Isabelle Kocher.