Paris (awp/afp) - Engie a relevé jeudi ses prévisions de bénéfice pour 2022 au vu d'un chiffre d'affaires gonflé sur les neuf premiers mois par les cours élevés de l'énergie et la croissance de la plupart de ses activités.

Le résultat net récurrent (hors exceptionnels) du groupe pour cette année devrait désormais se situer dans une fourchette de 4,9 à 5,5 milliards d'euros (contre 3,8 à 4,4 milliards précédemment prévus), indique l'énergéticien, qui a vu son chiffre d'affaires croître de plus de 85% sur neuf mois.

Le principal fournisseur de gaz en France, dont les stocks pour cet hiver sont pleins, s'est aussi dit "confiant" dans sa capacité d'approvisionnement pour l'hiver 2023-24 sans livraison russe.

Engie, dont l'État français détient près de 24%, a continué de réduire son exposition aux volumes achetés précédemment à Gazprom, à un niveau aujourd'hui "epsilonesque" selon les termes de Pierre-François Riolacci, directeur général adjoint Finances, RSE et Achats.

"Pour l'hiver 2023-24, le groupe reste confiant dans le fait que les volumes supplémentaires contractés par le biais de nouvelles sources d'approvisionnement y compris le gaz naturel liquéfié (GNL), ainsi qu'une diminution attendue de la demande, contribueront à remplacer le besoin en gaz provenant de Russie et à atteindre les niveaux de stockage requis", indique l'entreprise.

"Conditions sans précédent"

"Engie a réalisé ses résultats dans des conditions de marché sans précédent et continue de jouer un rôle majeur dans la sécurité d'approvisionnement", a commenté sa directrice générale, Catherine MacGregor.

Le groupe a vu son chiffre d'affaires bondir de plus de 85% sur neuf mois, à 69,3 milliards d'euros. Son résultat d'exploitation (Ebit) est à 7,3 milliards, en hausse de 84,4%.

Renouvelables, nucléaire, thermique, infrastructures... toutes les activités ont contribué.

Son unité GEMS, qui fournit à ses clients des solutions d'approvisionnement énergétique et de gestion des risques, a été particulièrement performante, dans ces "conditions de marché sans précédent".

A la Bourse de Paris, le cours de l'action jeudi a gagné 3,95% à 13,90 euros.

La crise de l'énergie, renforcée par la guerre en Ukraine, "offre l'occasion d'accélérer la transition énergétique", a dit Mme MacGregor, dont le groupe a choisi de se désengager de certaines activités pour pouvoir investir notamment dans les renouvelables, tout en prônant le maintien d'un "rôle critique" pour le gaz.

Son activité de multi-services aux entreprises, Equans, a ainsi été cédée à Bouygues. Une transaction à 6,5 milliards d'euros finalisée en octobre, qui apparaîtra dans ses résultats du dernier trimestre.

Selon Engie, l'objectif du plan de cession d'au moins 11 milliards d'ici fin 2023 est sur le point d'être atteint.

Il revendique à l'inverse 2,5 gigawatts (GW) de capacité additionnelle dans les renouvelables au cours des neuf premiers mois, avec environ 4 GW en vue sur l'année complète (et 50 GW d'ici la fin 2025).

Jeudi le groupe a d'ailleurs annoncé un accord, au sein d'un consortium, pour construire en Egypte un énorme parc éolien de 3 GW, dont la localisation et le calendrier restent à préciser.

Engie souligne aussi sa contribution aux mécanismes gouvernementaux de partage des bénéfices (900 millions d'euros en Belgique et en France, avec le nucléaire et les barrages).

"Notre situation financière nous permet de contribuer à la gestion de crise à travers la mobilisation de notre trésorerie, les mécanismes gouvernementaux de partage des bénéfices, ainsi que des dispositifs d'accompagnement de nos clients", a dit Mme MacGregor.

Les personnels de l'entreprise devraient pour leur part recevoir une prime exceptionnelle de 1.500 euros, a annoncé le groupe.

"Ce n'est absolument pas ce que nous revendiquons et l'annonce de cette prime n'y change strictement rien. Nous réclamons une mesure collective pérenne", a réagi auprès de l'AFP Eric Gautier, coordinateur syndical CGT pour GRDF, filiale autonome d'Engie qui gère la distribution du gaz.

Une grève entamée depuis plusieurs semaines était toujours en cours jeudi, à l'appel de la CGT, alors qu'un accord salarial est soumis aux salariés, afin d'être éventuellement signé par les syndicats d'ici au 18 novembre.

La direction de GRDF a reconnu l'existence de "points de tension dans certaines agences d'intervention d'Ile-de-France" et des "actes de malveillance" sur des véhicules d'intervention au cours de la matinée, qu'elle a condamnés "fermement", dans une réponse à l'AFP.

Elle a proposé 2,3% d'augmentation générale, alors que la CGT réclame 4,6% comme chez son cousin électrique Enedis.

afp/rp