PARIS (Reuters) - Orange est sur le point de nommer Christel Heydemann au poste de directrice générale du groupe, faisant d'elle la première femme à prendre la tête de l'ancien monopole dans le cadre d'une refonte de sa gouvernance, ont indiqué dimanche deux sources proches du dossier.

Le conseil d'administration d'Orange, auquel Christel Heydemann siège depuis 2017, doit se réunir vendredi pour la nommer officiellement, ont précisé les sources.

Christel Heydemann, âgée de 47 ans et actuellement à la tête des opérations européennes du groupe français d'équipements électriques Schneider Electric, n'était pas disponible dans l'immédiat pour commenter ces informations.

Orange a enclenché un remaniement de sa direction après la démission de son PDG Stéphane Richard, condamné en appel en novembre dans l'affaire de l'arbitrage entre Bernard Tapie et le Crédit lyonnais.

Outre Christel Heydemann, Frank Boulben - actuel dirigeant chez Verizon aux Etats-Unis - et Ramon Fernandez - directeur financier d'Orange - étaient cités pour prendre la tête du premier opérateur français des télécoms.

La réunion du conseil d'administration était à l'origine prévue lundi, mais a été reportée à vendredi pour régler certaines problèmes tels que la date à laquelle Christel Heydemann prendra officiellement le relais de Stéphane Richard, ainsi qu'une éventuelle prolongation temporaire des fonctions opérationnelles de ce dernier, ont indiqué les sources interrogées par Reuters.

Stéphane Richard devait initialement quitter le groupe le 31 janvier. Son rôle de président reste à pourvoir, car la scission des postes de président et de PDG fait partie de la refonte de la gouvernance d'Orange.

Peu de femmes occupent des postes de direction dans les plus grandes sociétés françaises cotées. Heydemann deviendrait ainsi la troisième directrice générale du CAC 40 après Catherine MacGregor chez et Estelle Brachlianoff, désignée pour occuper le poste chez Veolia à compter du 1er juillet.

Plus tôt ce mois-ci, le journal Les Echos avait rapporté que le ministre de l'Economie Bruno Le Maire comptait défendre la candidature de Christel Heydemann à la direction d'Orange, dans lequel l'Etat détient une participation de 23%.

La future dirigeante prendra les rênes de l'opérateur alors que celui-ci continue de déployer la nouvelle génération de réseaux mobiles et d'infrastructures de fibre optique, des investissements gourmands en capitaux qui ont pesé sur ses marges alors que ses deux plus grands marchés, la France et l'Espagne, restent très concurrentiels.

Le groupe est jugé stratégique par le gouvernement et scruté par le ministère des Finances et l'Elysée, un facteur important à prendre en compte pour toute nouvelle direction désireuse de se lancer dans des opérations structurantes.

Orange a réussi à stabiliser ses revenus après que l'arrivée de la filiale Free Mobile d'Iliad en 2012 a déclenché une guerre des prix. Le groupe a aussi étendu ses activités en Afrique de l'Ouest, en Pologne et en Roumanie, ainsi que dans la cybersécurité et les services bancaires.

Sa récente sous-performance financière, notamment en Espagne où Orange a dû réduire ses effectifs, a cependant déçu les investisseurs, les actions de l'opérateur se négociant désormais à un prix environ un tiers plus bas qu'il y a cinq ans.

(Version française Benjamin Mallet)

par Mathieu Rosemain