Bruno Le Maire a déploré ce matin "l'intransigeance" de Suez et "la précipitation" de Veolia. La semaine dernière, Arnaud Montebourg, l'un de ses prédécesseurs ,avait fustigé une affaire qui "ressemble à une distribution oligarchique d’avantages dans un cercle restreint d’amis privilégiés du pouvoir". En tout cas, c'est fait. Engie a accepté, contre l'avis de l'Etat, de céder l'essentiel de sa participation dans Suez à Veolia, permettant ainsi à ce dernier d'envisager une OPA. Les investisseurs eux, apprécient. Engie gagne 1,8%, Veolia, 1% et Suez 4,5% à 16,095 euros.

Engie, effectivement, réalise une bonne affaire. Le groupe d'énergie va encaisser 3,4 milliards d'euros et dégager une plus-value comptable de 1,8 milliard. De quoi expliquer l'empressement du président d'Engie, Jean-Pierre Clamadieu, à "dealer". Celui qui a vendu Rhodia au belge Solvay a d'ailleurs assuré que l'opération sera réalisée très rapidement.

Veolia, bien sûr, s'est félicité du choix d'Engie. Son patron, Antoine Frérot, s'est dit "très heureux de poser aujourd'hui en France la première pierre d'un super champion mondial de la transformation écologique".

Conformément aux engagements pris, Veolia a confirmé son intention de déposer une offre publique d'acquisition volontaire sur le solde du capital de Suez afin de parachever le rapprochement des deux entreprises.

Le groupe a cependant rappeler que cette offre ne sera pas lancée sans avoir obtenu au préalable un accueil favorable du conseil d'administration de Suez, avec lequel il souhaite reprendre les discussions dès aujourd'hui.

Veolia pourrait devoir s'armer de patience. Ce matin, Suez a pris acte de la reprise par Veolia de 29,9% de son capital, "d'une manière hostile et dans des conditions inédites et irrégulières".

Le groupe a confirmé qu'il mettra en œuvre tous les moyens à sa disposition pour préserver les intérêts de ses salariés, de ses clients, et toutes ses parties prenantes, notamment pour assurer un traitement égalitaire et juste de tous ses actionnaires, et éviter une prise de contrôle rampante ou un contrôle de fait.

Dans la foulée de ces annonces, Jefferies a confirmé sa recommandation Conserver sur Suez et Veolia avec des objectifs de cours respectifs de 10,5 euros et 20 euros.

Selon le broker, le rachat de Suez permettrait au bénéfice par action de Veolia progresser de 25% à 30% sur la période 2023-2024. Les actionnaires de Suez, eux, pourraient bénéficier, soit de l'approche plus rigoureuse du management, soit de la prime offerte par Veolia.

Valeurs citées dans l'article : ENGIE, Suez SA, Veolia Environnement