PARIS - Les producteurs d'électricité français se préparent à une augmentation potentielle des taxes, selon quatre sources ayant connaissance du dossier, alors que l'on craint de plus en plus qu'un nouveau gouvernement ne réactive une proposition récente visant à taxer les grandes centrales électriques.
Le gouvernement sortant a envisagé de prélever 40 000 euros (44 000 dollars) par mégawatt (MW) sur les centrales électriques nationales d'une capacité supérieure à 260 MW, a déclaré une source d'une grande société d'énergie.
Cette proposition pourrait rapporter environ 3 milliards d'euros, dont 80 % proviendraient de l'entreprise nucléaire publique EDF, ont déclaré trois autres sources, refusant d'être nommées car elles n'étaient pas autorisées à discuter publiquement de la question.
Une source du ministère français des finances a confirmé que Bercy avait rédigé un projet de taxe sur la puissance électrique installée pour 2024, mais qu'il appartenait désormais au futur gouvernement, qui n'a pas encore été formé par le premier ministre Michel Barnier, d'en décider.
EDF, Engie et TotalEnergies n'ont pas souhaité faire de commentaires.
La France, menacée de procédures judiciaires par la Commission européenne pour avoir dépassé les limites autorisées de la dette, cherche de nouveaux moyens de générer des recettes après qu'une taxe sur les superprofits des entreprises énergétiques, connue sous le nom de CRIM, a été loin de répondre aux attentes en 2023.
Les lourdes pertes subies par EDF et la normalisation des prix volatils de l'électricité en Europe ont fait chuter les recettes de la CRIM à environ 300 millions d'euros l'année dernière, alors que les prévisions étaient de 3 milliards d'euros.
Le ministre des finances sortant, Bruno Le Maire, a exhorté lundi les nouveaux législateurs à reprendre les propositions de l'ancien gouvernement et à adopter un budget dans les semaines à venir.
La capacité nucléaire d'EDF atteint 61 GW, ce qui représenterait une contribution de 2,4 milliards d'euros sans ajouter ses centrales hydroélectriques et gazières.
Engie, qui possède des centrales à gaz et des centrales hydroélectriques totalisant 2,55 GW en France, pourrait être mis à contribution à hauteur de 102 millions d'euros.
Les cinq centrales à gaz de TotalEnergies, d'une puissance totale de 2,67 GW, pourraient lui coûter environ 106,8 millions d'euros.
Les parcs éoliens et solaires français sont trop petits pour être concernés.
(1 $ = 0,9074 euro)