Paris (awp/afp) - Fruit des années d'assainissement ayant suivi la crise de 2008, les entreprises du CAC 40 ont vu leurs résultats fortement progresser entre 2015 et 2016, renouant avec les niveaux de 2010, relève une étude des cabinets de conseil EY et Ricol Lasteyrie publiée jeudi.

Le résultat net cumulé des groupes membres de l'indice a atteint 77 milliards d'euros l'année dernière contre 55 milliards en 2015, soit une hausse de près de 40%, observe la onzième édition du "Profil financier du CAC 40", qui porte sur l'année 2016.

"Avec 77 milliards d'euros de résultat net, on revient dans les très bons crus" même si cette progression "est liée essentiellement à la baisse des dépréciations d'actifs", a analysé pour l'AFP Sonia Bonnet-Bernard, associée gérante chez Ricol Lasteyrie Corporate Finance.

"L'exercice de nettoyage est bien derrière nous et maintenant les entreprises sont en ordre de marche", a-t-elle estimé.

La marge opérationnelle des groupes du CAC 40 a progressé de 40% par rapport à 2015 pour s'établir à 7,6% (7,8% hors impact des changements de composition de l'indice).

"Toutes les stratégies de réorganisation et de maîtrise des coûts qui ont vraiment animé les dernières années ont maintenant porté leurs fruits et nous sommes dans des entreprises qui commencent à entrer dans une nouvelle phase de croissance et de développement qui va d'ailleurs devoir s'intensifier", a commenté pour sa part auprès de l'AFP Marc Lefèvre, associé France chez EY.

"La situation financière est maintenant très saine et depuis le début de l'année, on sent un certain enthousiasme après une phase d'attentisme due aux incertitudes", a abondé Mme Bonnet-Bernard.

Pour preuve, l'endettement net des entreprises du CAC 40 a continué à baisser pour la cinquième année consécutive en 2016, atteignant son plus bas niveau depuis 11 ans, à 178 milliards d'euros.

- Reprise de l'investissement -

Le retour de l'optimisme s'est illustré par une progression de l'investissement total en 2016, pour la première fois depuis 2012, puisqu'il a augmenté de 2% à 81 milliards d'euros, soit 6% du chiffre d'affaires global.

"Comme en 2015, Total, Orange et Engie sont les principaux moteurs de l'investissement global du CAC 40 (39% du total), qui est également alimenté par le remplacement d'Alcatel Lucent par Nokia dans l'indice", tempèrent toutefois les deux cabinets de conseil.

Autre témoin de la confiance retrouvée: les entreprises du CAC 40 ont largement fait appel au marché l'an passé, que ce soit au travers de levées obligataires (+20% en 2016) ou via des augmentations de capital significatives.

"Il y a une réallocation des flux vers le produit action très importante mais également géographiquement depuis les Etats-Unis et l'Asie vers l'Europe", a détaillé M. Lefèvre.

Seule ombre au tableau, l'activité des sociétés du CAC 40 est restée relativement stable en 2016 par rapport à 2015 puisque leur chiffre d'affaires cumulé a progressé de 1%, à 1.243 milliards d'euros.

Cette légère hausse est essentiellement imputable à l'entrée de Sodexo et de Nokia dans l'indice parisien, sans lesquels le chiffre d'affaires a diminué de 0,9%.

"2016 a permis de rouvrir un chemin de croissance mais il faut que 2017 transforme cette réouverture, ce qui est d'ailleurs en train de se passer", a conclu M. Lefèvre.

afp/al