Christopher Franquet, quel est votre parcours avant puis au sein de Entech dont vous détenez aujourd’hui la majorité du capital ?

" Après avoir passé plus de 10 ans chez Vinci Energies où je développais des centrales solaires avec stockage d’énergie, j’ai lancé Entech début 2016 à Quimper avec la volonté très claire dès le départ de déployer un maximum d’énergie renouvelable sur les réseaux. J’avais alors la conviction que cela passait par des coûts de revient faibles et des solutions pour pallier l’intermittence de ces énergies, à savoir le pilotage et le stockage de l’énergie produite sous différentes formes, avec toutes les problématiques de conversion que cela implique. Parti avec 100% du capital, je l’ai ensuite rapidement ouvert à Laurent Meyer, un ex-Vinci qui m’a rejoint et avec qui nous avons commencé à recruter tout en restant rentables les premières années. Puis nous avons introduit la société en Bourse en octobre 2021 à un cours de 6.95€, ce qui nous a permis de lever environ 28 M€ en l’échange de 28.6% du capital. Il s’agissait alors de transformer Entech en un leader français de la production et du stockage d’énergies renouvelables. La structuration et les recrutements nécessaires pour y parvenir se sont accompagnés de résultats déficitaires et du départ de Laurent Meyer à qui j’ai racheté une partie des actions 6 € pièce début 2023. Je détiens aujourd’hui 51.7% du capital de la société avec la même vision qu’au commencement et des ambitions élargies au-delà du territoire français… "

Source : Société

Quels sont les facteurs clé de succès de l’offre Entech sur le marché de plus en plus concurrentiel des énergies renouvelables ?

" Nos compétences sont transverses sur l’ensemble de la chaine de valeur allant de la conception du projet pour répondre aux besoins client à la maintenance de projets clé en main comprenant le stockage et la conversion électrique. Ceci sans limite de taille depuis la création récente de notre JV avec Eiffage Energies Systèmes.  Sur nos projets types, d’une taille allant de 3 à 5 M€, nous gérons toute la chaîne de valeur, y compris l’intégration des équipements dans notre usine de Quimper, l’installation sur site par nos conducteurs de travaux et la maintenance. Cette dernière phase s’appuie sur notre logiciel propriétaire, ESE_Soft, capable de gérer le bas niveau (convertisseur, batteries, bornes de recharge) et la supervision de multiples installations. Ce logiciel représente un investissement cumulé de plusieurs millions d’euros. "

Des compétences transverses permettant de relever tous les défis liés à l’essor des EnR (source : société)

Pourquoi un grand groupe comme Eiffage a-t-il-fait appel à une PME comme Entech ? Qu’est-ce que change la JV créée avec Eiffage Energie Systèmes ? Quelle sera sa contribution au résultat ? A quel horizon ?

" Eiffage a su reconnaître notre position et notre réputation dans le stockage et la conversion d’EnR. Cette JV va permettre à chacun d’aller plus vite sur un secteur où la demande est très forte en France comme en Europe. L’adossement à Eiffage va nous permettre de nous positionner sur une partie de la chaîne de valeur de plus gros projets de stockage raccordés au réseau RTE (haute tension soit > 50.000 V – des projets de 50 à 150 M€ de CA) que nous ne pouvions adresser faute de moyens financiers et humains. Nous nous ouvrons ainsi un marché d’une taille de l’ordre de 1 milliard d’euros à moyen terme selon nos estimations. En détenant 40% d’une JV gouvernée de façon équilibrée entre les deux actionnaires, nous consoliderons 40% de son CA et du résultat. La montée en puissance se verra à partir de l’exercice 2025/2026 compte tenu de la durée des projets, environ deux ans. Entech se concentrera sur l’étude et l’intégration des projets, Eiffage sur la construction, la livraison et l’installation. Nous assurerons la maintenance ensemble en nous appuyant sur notre logiciel propriétaire, notre connaissance de la batterie et son optimisation dans le temps. "

La baisse récente des prix de l’énergie freine-t-elle la croissance du marché ? Quel type de retour sur investissement (DR ou TRI) projetez-vous actuellement sur les projets à l’étude ?

" C’est en effet ce que l’on ressent chez certains clients, mais en contrepartie le prix des panneaux a fortement baissé. De plus, la recherche d’autoconsommation est un phénomène durable et les solutions de stockage se mettent en place, avec des batteries de moins en moins chères. L’autoconsommation d’énergie renouvelable photovoltaïque est devenue rentable depuis plusieurs années, le stockage permet d’augmenter la part d’énergie autoconsommée tout en ajoutant des services réseaux car totalement pilotable. Les TRI sont généralement supérieurs à 10%.  De plus, la réglementation joue en faveur du déploiement des solutions de production solaire. "

Vous citez essentiellement des projets photovoltaïques avec stockage tout en revendiquant d’être agnostique en termes de solutions. Livrez-vous également des projets sans solution de stockage ou des projets à base d’éolien ?

" Oui, il arrive que nous étudions des projets PV seuls en tablant sur l’ajout d’une composante stockage à terme. Inversement, il nous arrive de travailler sur des projets de stockage uniquement. L’éolien a sa place, il est complémentaire, seulement il doit faire actuellement face à de nombreux freins, de sorte que l’éolien offshore et les effets volumes qu’il permet sont à privilégier. Le nucléaire a aussi sa place car il est pilotable et bas carbone. L’association de ces différentes sources d’énergies offre un mix énergétique global intéressant. "

Quelle est la récurrence de votre chiffre d’affaires ?

" Aujourd’hui, la maintenance et l’exploitation des projets génèrent environ 1 M€ de CA annuel. Vient s’ajouter la récurrence des appels d’offre chez certains de nos clients. Petit à petit, l’accompagnement des projets en co-développement en prenant 5 à 30% du capital des projets permettra de générer des revenus récurrents aujourd’hui limités à quelques centaines de milliers d’euros annuels.

Quels sont vos besoins de financement dans les années à venir. Pourrez-vous éviter une augmentation de capital ?

" Aujourd’hui, nous sommes très peu endettés. Notre BFR est important et est financé projet par projet par un pool bancaire via un crédit syndiqué mis en place l’année dernière. Nous comptons sur notre réputation grandissante et sur notre partenariat avec Eiffage pour réduire nos délais client. Nos investissements en R&D devraient se stabiliser dans les prochaines années, en se concentrant sur l’hydrogène et les batteries de seconde vie. Des besoins d’investissements plus importants pourraient émaner de la montée en puissance, d’ici quelques années, de l’investissement en fonds propres dans des projets en co-développement, ce que nous avons commencé à faire depuis l’IPO. Cela pourrait effectivement passer à ce moment-là par une nouvelle ouverture du capital. "

Quelles sont vos perspectives pour les prochaines années ?

" Nous allons présenter de nouveaux objectifs stratégiques à l’occasion d’un Capital Markets Day le 21 novembre 2024. La feuille de route stratégique associée à ces objectifs fera l’objet d’un communiqué de Presse le 20 novembre 2024 après bourse, et d’une présentation dans le cadre d’un Capital Markets Day le jeudi 21 novembre 2024. Le groupe publiera à cette occasion le chiffre d’affaires semestriel de l’exercice en cours (période du 01/04/2024 au 30/09/2024), initialement prévu le 26 novembre. "

Source : Société