Apres les méga-deals Chevron-Hess, Exxon-Pioneer, Occidental-CrownRock et Diamondback-Endeavor, le bassin se dote d’acteurs avec des capacités intégrées et des échelles conséquentes. D’ici la fin de la décennie, la production annuelle y atteindra huit milliards de barils de pétrole — les deux-tiers de ce que produit l’Arabie Saoudite — et trente milliards de pieds cubes de gaz naturel.  

Pour les investisseurs qui entendent capitaliser sur ces développements sans s’exposer à la volatilité qui caractérise les activités des producteurs et des entreprises de services, le segment midstream — c’est-à-dire les opérateurs de pipelines et de centrales de stockage — représente une option privilégiée. 

Parmi les grands opérateurs actifs dans le Permian — dont Kinder Morgan, déjà discuté dans nos colonnes — Enterprise Products se distingue par sa gestion conservatrice, sa croissance majoritairement organique et largement autofinancée, son endettement réduit, ainsi bien sûr que son actionnariat familial. 

Enterprise Products a triplé son cash-flow et quadruplé sa distribution annuelle de dividendes en quinze ans. L’historique à vingt-cinq ans est plus probant encore. Au cours du moment, la distribution — amplement couverte — assure un rendement sur dividende de 7.6%. 

Néanmoins, le groupe pourrait augmenter d’un tiers sa distribution s’il mettait ses projets d’expansion en pause, pour ainsi la porter entre $3 et $3.50 par action — soit un rendement pro forma entre 11% et 13%. Ces paramètres offrent un véhicule attractif aux amateurs de dividendes séduits par les perspectives du Permian. 

Mis à part de possibles déconvenues opérationnelles et la structure en “partnership” qui rappelle l’équivalent français de la société en commandite, le principal risque réside ici dans une nouvelle remontée des taux d’intérêt.

En effet, le taux dit “sans risque”, autrement dit le bon du trésor américain à dix ans, est à 4.3% ; au cours du moment, le titre Enterprise Products est donc valorisé avec une prime de risque de 3.3%.

En conséquence, et toutes choses égales par ailleurs, si le taux à dix ans remontait, il faudrait pour justifier une prime de risque équivalente que le cours du titre s’ajuste à la baisse.