Alphavalue - Statoil est probablement l'entreprise la plus sensible aux variations des prix du pétrole de tout l'univers AlphaValue.

Malheureusement, c'est aussi la plus sensible aux prix du gaz. Au cours de ces derniers mois, le groupe s’est montré de plus en plus prudent au sujet des estimations de prix à LT. La société a notamment renforcé son bilan grâce à la vente de sa division de distribution de carburant et à la vente de certains actifs à Centrica. Ce qui a permis à Statoil d’abaisser son gearing en-dessous de 27% (en ligne avec la moyenne du secteur de 26%). Grâce aux récentes découvertes en Mer du Nord (champ de Johan Sverdrup, 1,5md de barils), Statoil a revu à la hausse sa prévision de production domestique en 2020. C’est à comparer avec les prévisions de production antérieures, qui au mieux, étaient stables par rapport à 2012 et à sa production actuelle de 1.36mbpj. C'est aussi le résultat d'une technologie plus avancée en matière de récupération de pétrole qui permet de faire progresser le taux de récupération à plus de 50%. Chaque augmentation de 1% équivaut ainsi à 300m de barils supplémentaires récupérés par Statoil.

Nous estimons que la stratégie de développement à l'international précédemment présentée par le Groupe est aujourd’hui mise en stand by, sauf en Amérique du Nord, où le Groupe a fait des efforts pour valoriser ses réserves de 6 milliards d'équivalent barils (réserves conventionnelles dans le Golfe du Mexique, huile de schiste dans le bassin de Bakken). A l'inverse, la société a déprécié au T2 12 ses $336.2m d'investissements en Shtokman (Russie arctique) et a cédé sa part du projet à Gazprom. Shtokman est l'un des plus grands champs gaziers non développés, mais il est aussi extrêmement cher à mettre en valeur, surtout lorsqu'on compare cela au faible coût du gaz de schiste. En tout cas, avec les partenaires russes aux manettes..
Sur le front du gaz, comme pour Gazprom, Statoil a renégocié à la baisse ses contrats à LT indexés sur le pétrole. C'est à notre avis une tendance durable, le gaz européen à LT étant en concurrence avec le charbon, qui est moins cher, du moins en ce qui concerne la part consommée pour la production d'électricité européenne. Dans un environnement de faibles prix de l'énergie, Statoil va évidemment souffrir, mais la société a probablement déjà pris les premières mesures pour s'y préparer, notamment en levant le pied sur ses dépenses d'investissement. Le point positif est que le plateau continental norvégien offre du pétrole à des coûts d'accès acceptables (disons 50$/b pour le NCS et 60$/b en moyenne pour le Groupe), ce qui devrait aider le groupe en cas de forte baisse des prix de marché. La taxe de 78% imposée par le gouvernement norvégien conduira en outre ce même gouvernement à devoir absorber la majeure partie de la baisse en $.

Nous avons révisé fortement à la baisse nos BPA pour 2013 et 2014 (-21%) pour prendre en compte un scénario de gaz, voire de pétrole, moins cher. En conséquence, le potentiel de hausse s’est presque évaporé, en dépit de la récente légère correction du titre. En tant que proposition de rendement, Statoil n'est pas particulièrement attrayante non plus, donc prudence.