EssilorLuxottica voit rouge ce mardi à la bourse de Paris. Le titre du spécialiste de l'optique recule 1,69% à 147,86 euros, se classant ainsi dernier du CAC 40. Pourtant, hier, le tribunal arbitral lui a donné gain de cause dans son litige avec GrandVision, qu'il compte racheter, et sa maison-mère HAL. Le tribunal, saisi le 30 juillet 2020, a en effet considéré à la majorité que le néerlandais avait violé ses obligations en vertu du Contrat de Soutien qu'il avait conclu dans le cadre de la vente de la participation de 76,72% de HAL dans GrandVision à EssilorLuxottica.

Il a également jugé que le lunetier franco-italien avait le choix de mettre fin à l'acquisition de GrandVision en raison de ces "violations significatives", alors que son verdict constituait le dernier obstacle à cette opération.

"Même si nous déplorons que la faute de GrandVision ait conduit à la situation actuelle, nous sommes satisfaits que le tribunal ait entendu notre position au sujet des engagements des parties et sur l'importance d'honorer ces engagements", a déclaré Francesco Milleri, le Directeur Général d'EssilorLuxottica.

Le groupe affirme étudier actuellement ses options dans le cadre de cette transaction et communiquera en temps voulu la suite à y donner.

De son côté, GrandVision s'est dit "déçu par la décision du tribunal arbitral. Tout au long du processus, GrandVision a pleinement soutenu la Transaction. Toutes les autorisations antitrust nécessaires à la conclusion de la transaction ont été obtenues".

Depuis le mois de mars dernier, l'opération a en effet reçu l'autorisation de la Commission Européenne, mais aussi des autorités de la concurrence au Chili et en Turquie, contre des concessions de la part des deux groupes. EssilorLuxottica a notamment proposé de céder une partie de ses activités de vente au détail en Belgique, Italie et aux Pays-Bas, de se séparer des activités chiliennes de GrandVision opérant sous la bannière Rotter Y Krauss, et a pris "certains engagements comportementaux relatifs à la conduite de ses activités en Turquie".

Le litige entre EssilorLuxottica et GrandVision remonte à l'été 2020, lorsque le groupe franco-italien a intenté une action en justice devant le tribunal de grande instance de Rotterdam en vue d'obtenir des informations sur la "façon dont GrandVision a géré la marche de ses affaires pendant la crise du COVID-19".

Des inquiétudes qui auraient conduit le groupe franco-italien à reconsidérer son offre reconsidérer son offre de 7,3 milliards d'euros, selon Bloomberg, et à envisager de renégocier le prix.

"Le verdict [d'hier] augmente les chances que, si l'opération se poursuit, certaines conditions soient révisées, estime UBS dans une note d'analyse. La procédure d'arbitrage s'étant déroulée à huis clos, on ne sait pas exactement quelles sont ces 'violations substantielles' et si elles ont un impact sur la logique de l'accord".

"Le communiqué de presse n'indique pas clairement si EssilorLuxottica prévoit de se retirer de la transaction ou s'il poursuit toujours l'acquisition, mais à un prix différent, note également la banque suisse. Nous considérons que la raison d'être à long terme de l'acquisition de GrandVision est toujours valable, permettant une stratégie omnicanale et diversifiant l'empreinte géographique".