PARIS, 14 juin (Reuters) - La société informatique française
Atos a effrayé les investisseurs mardi en annonçant un plan
visant à diviser ses activités et à vendre des actifs qui,
s'ajoutant au départ de son directeur général Rodolphe Belmer,
ont fait chuter le titre de plus de 25%.
Le départ de Rodolphe Belmer, qui avait pris ses fonctions
en janvier, fait suite à des semaines de rapports faisant état
de divisions sur la restructuration de la société au sein du
conseil d'administration.
Selon des sources proches du dossier, Rodolphe Belmer et le
conseil d'administration se sont opposés sur le sort de l'unité
de cybersécurité BDS, car il souhaitait vendre cette activité
alors que le conseil d'administration voulait la conserver.
Les activités d'Atos, dont la fabrication de
superordinateurs et de logiciels utilisés par l'armée et le
ministère des Finances, sont considérées comme stratégiques par
le gouvernement français. L'ancien Premier ministre Edouard
Philippe siège au conseil d'administration.
Le départ de Rodolphe Belmer a été annoncé une heure avant
un "capital markets day" très attendu, dont les investisseurs
espéraient qu'il permettrait de rétablir la confiance, après une
série de revers qui ont fait fondre la valeur boursière d'Atos
de deux tiers au cours de l'année écoulée.
Rodolphe Belmer, ancien patron de la société de satellites
Eutelsat, quittera Atos le 30 septembre. L'action Atos a perdu
jusqu'à 27% dans les premiers échanges à Paris, et était en
baisse de 22% à 1135 GMT.
Lundi, le cours a chuté de plus de 10% après la publication
dans les médias d'un rapport sur la future stratégie du groupe.
La faiblesse du titre Atos a rendu l'entreprise vulnérable
aux rumeurs de fusion-acquisition. Un responsable du ministère
des Finances a déclaré que le gouvernement suivait de près
l'évolution de la situation et a fait remarquer que les actifs
stratégiques étaient protégés des rachats hostiles par un décret
sur le filtrage des investissements étrangers.
Atos prévoit de se scinder en deux entités cotées en bourse
et a indiqué avoir nommé deux directeurs généraux adjoints,
Nourdine Bihmane et Philippe Oliva, pour diriger chacune d'entre
elles.
La scission permettrait de "libérer de la valeur" dans le
cadre d'un plan plus large dont le coût est estimé à 1,6
milliard d'euros en 2022-2023, a indiqué la société.
Atos vendra des actifs non stratégiques d'une valeur
d'environ 700 millions d'euros, a déclaré Rodolphe Belmer mardi,
lors d'un appel avec des journalistes.
Le groupe a déjà vendu sa participation de 2,5% dans la
société de paiements Worldline dans le cadre de son plan de
cessions, permettant de lever 220 millions d'euros.
Dans le cadre de la scission, Atos envisage de séparer et de
combiner BDS avec ses opérations de services, notamment celles
visant à aider les clients à passer au cloud.
Baptisées Evidian, ces opérations combinées ont généré un
chiffre d'affaires de 4,9 milliards d'euros en 2021, en hausse
de 5% par rapport à l'année précédente, et une marge
opérationnelle de 7,8%.
La partie restante comprendra les services de gestion
d'infrastructures informatiques, en déclin et déficitaires, dont
le chiffre d'affaires s'élevait à 5,4 milliards d'euros l'an
dernier.
Atos a pour objectif de renouer avec la croissance et les
bénéfices pour ces activités d'ici 2026.
A la question de savoir s'il bénéficierait de l'indemnité de
départ approuvée par les actionnaires en cas de départ soudain
du directeur général dans les deux ans, Rodolphe Belmer a
répondu qu'il avait proposé de partir avec 9 mois de salaire.
Ancien patron de Canal+, propriété de Vivendi, Rodolphe
Belmer avait promis un nouveau départ pour Atos. L'entreprise a
été affectée par une perte de confiance des investisseurs, des
auditeurs ayant émis des réserves sur les comptes de deux
entités américaines, tandis qu'une tentative d'acquisition
portant sur une société aux États-Unis a abouti sur un échec.
L'examen des deux entités américaines n'a révélé aucune
anomalie importante, a déclaré Atos.
(Rédaction Myriam Rivet, Mathieu Rosemain, Tassilo Hummel et
Nicolas Delame; version française Augustin Turpin, édité par
Kate Entringer)