L'Europe sera également confrontée au dilemme de sanctionner ou non les exportations énergétiques russes, ce qui pourrait provoquer une nouvelle flambée des prix et des difficultés économiques.

Voici votre semaine à venir sur les marchés par Ira Iosebashvili à New York, Alun John à Hong Kong, Sujata Rao, Tommy Wilkes et Dhara Ranasinghe à Londres.

1/UNE POLITIQUE SUFFISAMMENT AGRESSIVE ?

La trajectoire agressive de la Réserve fédérale en matière de resserrement de la politique monétaire est-elle trop faucon, ou pas assez ? Le rapport sur l'emploi américain de mars de vendredi pourrait le montrer.

Les économistes interrogés par Reuters s'attendent à ce que 450 000 nouveaux emplois soient créés, contre 678 000 en février.

Des embauches bien supérieures à ces estimations renforceront les arguments en faveur d'une hausse des taux d'intérêt de 50 points de base en mai. Après tout, le président de la Fed, Jerome Powell, a signalé qu'il était prêt à faire un geste important si nécessaire.

Malgré cela, le S&P 500 a réussi à réduire de près de moitié ses pertes depuis le début de l'année. Mais surveillez la courbe de rendement du Trésor américain, qui se rapproche de l'inversion alors que les investisseurs s'inquiètent d'une récession induite par la Fed. Le marché obligataire se trompe rarement.

Pour un graphique connexe sur les emplois de mars, cliquez sur

2/ DIFFICILE DE DIRE NON

Cibler l'énergie russe, comme l'ont fait les États-Unis et la Grande-Bretagne, est l'un des leviers les plus puissants que l'Union européenne pourrait actionner pour punir Moscou de son invasion de l'Ukraine. Mais cela reste un choix qui divise le bloc qui dépend de la Russie pour 40 % de son gaz et qui subit une flambée des prix du carburant.

Mais alors que la pression augmente pour annoncer une interdiction, un nouveau rebondissement est intervenu : l'exigence du président Vladimir Poutine selon laquelle les pays "inamicaux" doivent payer leur gaz en roubles suscite de nouvelles inquiétudes quant à la pénurie d'énergie en Europe.

Les dirigeants européens pourraient bientôt convenir d'acheter du gaz en commun et de s'assurer des approvisionnements supplémentaires en gaz américain. Mais en attendant, le débat suscite le malaise dans toutes sortes de milieux. Le groupe de production pétrolière OPEP, par exemple, a prévenu que cette initiative pourrait nuire aux consommateurs.

Pour un graphique connexe sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie, un vent contraire pour l'Europe, cliquez sur https://fingfx.thomsonreuters.com/gfx/mkt/klvykjzgmvg/THEME3.PNG.

3/ UNE HAUSSE ET UNE BAISSE

Lorsque les premières estimations de l'inflation de mars dans la zone euro seront publiées vendredi, elles pourraient mettre à l'épreuve le discours de la Banque centrale européenne selon lequel il n'y a pas d'urgence à relever les taux d'intérêt.

L'inflation atteint déjà un niveau record de 5,9 % et pourrait atteindre 7 % dans les prochains mois. Compte tenu de l'objectif de 2 % de la BCE, il n'est pas surprenant que certains responsables préconisent un, voire deux mouvements de taux cette année.

Une forte impression d'inflation renforcera leurs arguments. Mais les marchés obligataires suggèrent également que des taux plus élevés sont à venir, ayant prévu cinq mouvements de 10 points de base chacun d'ici la fin de l'année.

Le rendement des obligations allemandes à deux ans a augmenté de 30 points de base en mars, ce qui représente sa plus forte hausse mensuelle depuis 2011. Après avoir passé des années en territoire de rendement négatif en raison des achats d'obligations par la BCE pour stimuler l'inflation, il se rapproche rapidement de 0 %. C'est significatif.

Pour un graphique connexe sur l'inflation dans la zone euro, les rendements des obligations allemandes à deux ans, cliquez sur https://fingfx.thomsonreuters.com/gfx/mkt/zgpomyrmmpd/THEME2403.PNG.

4/ LE MEILLEUR ET LE PIRE

Le premier trimestre de 2022 a été celui que la plupart des investisseurs préféreraient oublier. Sauf bien sûr ceux qui négocient du pétrole, des métaux ou des céréales, qui se seraient réjouis de l'envolée de plus de 50 % du Brent et du gain de 30 % de l'indice CRB des matières premières.

La journée a été moins gratifiante pour les actions ; avec une perte de 5 %, le S&P 500 semble prêt à rompre une série de sept trimestres de gains. Les actions du Nasdaq de la zone euro ont fait moins bien, tandis que les marchés chinois ont dû faire face à de nouveaux lockdowns liés au COVID dans de nombreuses villes.

Les marchés obligataires ont franchi des étapes inédites, dans certains cas, depuis des décennies. La hausse de 140 points de base des rendements américains à deux ans est la plus importante depuis la mi-1984 ; l'équivalent allemand affichera sa plus forte hausse trimestrielle depuis 2011.

Rien de surprenant, puisque les banquiers centraux reconnaissent que l'inflation n'est finalement pas transitoire et que les taux d'intérêt doivent augmenter. L'inflation mondiale atteindra 6,3 % ce trimestre, la hausse la plus rapide depuis un quart de siècle, estime JPMorgan.

Enfin, pitié pour ceux qui n'ont pas réussi à sortir à temps de leurs investissements en Russie : le pays étant éjecté des indices d'actions et d'obligations, ils devront marquer leurs avoirs à zéro.

5/STILL DIGGING La promesse de la Chine de ne pas mettre en place une taxe foncière ne propose qu'un soulagement à court terme aux promoteurs immobiliers, qui se battent avec la restructuration de leur dette et l'accès au financement. Evergrande, l'enfant-vedette des difficultés du secteur, a révélé de nouveaux problèmes dans une filiale clé et ne publiera pas ses résultats audités avant la date limite du 31 mars. Un autre promoteur en difficulté, Kaisa, a fait la même déclaration, bien que d'autres, comme China Vanke, Country Garden et Sunac China, prévoient de publier leurs résultats annuels la semaine prochaine.

Les actions des promoteurs et les obligations chinoises à haut rendement restent sous pression. Les malheurs du secteur de l'immobilier resteront sur la liste de surveillance des investisseurs jusqu'à ce que de véritables mesures de secours apparaissent.

Pour un graphique connexe sur l'immobilier en Chine, cliquez