MELBOURNE, 15 août (Reuters) - La Papouasie-Nouvelle Guinée a envoyé une équipe à Singapour pour renégocier un accord gazier conclu au printemps avec Total par la précédente équipe gouvernementale du pays, a déclaré jeudi le ministre du Pétrole, ajoutant que ces discussions pourraient se terminer "de manière désastreuse".

Ces propos de Kerenga Kua prennent le contre-pied de déclarations faites il y a 10 jours, quand il a assuré que le nouveau gouvernement s'en tiendrait aux termes de l'accord conclu avec le géant pétrolier français, sous réserve de quelques changements mineurs.

L'équipe de négociation, dont fait partie Kerenga Kua, reviendra de Singapour en début de semaine prochaine, précise le ministre dans un communiqué publié par ses services.

"Les négociations pourraient aboutir mais aussi terminer de manière désastreuse", dit-il, cité dans le communiqué.

Le projet "Papua LNG" est le fruit d'un accord signé début avril par la Papouasie-Nouvelle Guinée d'un côté et par Total et ses partenaires ExxonMobil et Oil Search de l'autre.

Ce projet de gaz naturel liquéfié (GNL) porte sur une capacité de 5,4 millions de tonnes par an (Mtpa) et rentre dans le cadre d'un plan de 13 milliards de dollars (11,7 milliards d'euros) visant à doubler les exportations de gaz naturel liquéfié de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Mais l'ancien ministre des Finances James Marape a été élu Premier ministre de Papouasie-Nouvelle Guinée par le parlement en mai, après plusieurs semaines d'un conflit politique autour de la gestion des richesses naturelles du pays qui a contraint à la démission l'ancien chef du gouvernement Peter O'Neill.

Le gouvernement O'Neill était sous le feu des critiques en raison notamment de l'accord gazier signé avec Total, qui a provoqué de nombreuses défections au sein du parti au pouvoir.

Total a refusé de faire le moindre commentaire. Fin juillet, Patrick Pouyanné, PDG de du groupe, a déclaré s'attendre à ce que la Papouasie-Nouvelle Guinée respecte l'accord gazier.

"Une conclusion heureuse des discussions pourrait entraîner de rapides progrès dans le projet. De la même manière, si elles échouent, cela pourrait avoir des répercussions très graves. C'est un risque que nous prenons dans notre ambition de reprendre possession de Papua LNG", ajoute Kerenga Kua.

Vers 11h15 GMT, le titre Total perdait 1,46% à 43,00 euros, perdant un peu moins de terrain que alors que l'indice regroupant les valeurs pétrolières européennes (-1,88%).

(Sonali Paul, Benoit Van Overstraeten pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : Oil Search Limited, Total, Exxon Mobil Corporation