GEORGETOWN (awp/afp) - Le Guyana a réclamé dimanche la remise en liberté immédiate des équipages de deux bateaux de pêche qu'il a accusé le Venezuela d'avoir saisis au moment où se ravive un conflit frontalier entre les deux pays.

Il s'agit du dernier incident en date d'un conflit vieux d'un siècle sur la délimitation des frontières maritimes qui s'envenime depuis que le groupe pétrolier américain ExxonMobil a découvert du pétrole dans la région contestée en 2015.

Dans un communiqué samedi soir, le ministère des Affaires étrangères du Guyana a déclaré n'avoir pas été informé par le gouvernement vénézuélien de l'arrestation des équipages.

Mais il a confirmé des informations de presse selon lesquelles l'équipage du navire de la marine vénézuélienne Comandante Hugo Chavez, du nom du président vénézuélien défunt, avait pris le contrôle jeudi des deux navires de pêche dans les eaux guyanaises.

"Le Guyana condamne dans les termes les plus forts cet acte injustifié d'agression de la part des forces armées vénézuéliennes", selon le communiqué.

Le ministère assure "chercher actuellement à s'assurer du sort et du bien-être des membres d'équipage", détenus au port de Guiria dans le Nord-Est du Venezuela.

Le conflit frontalier concerne les territoires à l'Ouest de l'Essequibo qui représentent plus de la moitié du territoire du Guyana. Riches en minerais et en bois, ces territoires comprennent aussi une zone maritime pétrolifère.

Le Guyana, ancienne colonie britannique, affirme que l'actuelle délimitation entre les deux pays est valide et se base sur une décision d'une cour d'arbitrage de Paris datant de 1899, un verdict jamais accepté par son voisin vénézuélien.

Ce dernier revendique l'accord de Genève, signé en 1966 avec le Royaume-Uni avant l'indépendance du Guyana, qui a établi la base d'une solution négociée et annulé le précédent traité.

La Cour internationale de justice de La Haye, siasie en 2018 par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, s'est déclarée compétente le 18 janvier et une audience est prévue le 26 février.

Le Venezuela, qui conteste la compétence de la cour en lui préférant une négociation directe, a dénoncé les projets de forage pétroliers du Guyana dans les eaux contestées ainsi que des exercices militaires conjoints du Guyana et des Etats-Unis.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a pris en janvier un décret revendiquant de nouveaux territoires pour son pays à l'Ouest du fleuve Essequibo, dénoncé par le Guyana comme une violation flagrante de sa souveraineté et des lois internationales.

La marine vénézuélienne a intercepté ces dernières années au large du Guyana des navires de recherches collectant des données pour ExxonMobil et une autre compagnie américaine, Anadarko Petroleum.

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