New York (awp/afp) - La Bourse de New York a accusé sa troisième perte d'affilée mardi, inquiète du fait que la solidité persistante du marché de l'emploi américain ne pousse la Fed à être plus sévère dans le relèvement des taux d'intérêt.

Selon des résultats définitifs, l'indice Dow Jones a lâché 0,96% à 31.790,87 points, le Nasdaq, à forte concentration technologique, a cédé 1,12% à 11.883,14 points et l'indice élargi S&P 500 1,10% à 3.986,16 points.

Alors que les indices avaient démarré dans le vert, guidés dans un premier temps par "la volonté des investisseurs de profiter de ce repli pour racheter à un prix moins élevé", selon Patrick O'Hare de Briefing, le rebond a été de courte durée.

L'indice de confiance des ménages, calculé par le Conference Board, a d'abord montré que le moral des consommateurs aux Etats-Unis était repartie à la hausse en août après trois mois de baisse.

Cela "pourrait aider à soutenir les dépenses", a commenté dans un communiqué Lynn Franco, directrice principale des indicateurs économiques au Conference Board. Ce qui n'aiderait pas à faire baisser les prix. Et Mme Franco de souligner que "l'inflation et les hausses de taux supplémentaires constituent toujours des risques pour la croissance économique à court terme".

Ensuite, des chiffres publiés par le ministère américain du Travail (enquête JOLTS) ont de leur côté montré que le nombre d'emplois vacants aux Etats-Unis restait à un niveau très élevé, à 11,2 millions.

Un signe que le marché du travail reste très tendu et que les employeurs doivent probablement offrir des salaires plus élevés pour attirer les candidats.

"On comprend pourquoi les investisseurs sont inquiets de ce marché de l'emploi qui reste très serré. Cela conduit en général à des hausses de salaires", ce qui risque d'encourager l'inflation, a indiqué à l'AFP Jack Albin de Cresset.

"Les investisseurs commencent à se soucier de l'inflation", a-t-il ajouté, soulignant que du coté du marché obligataire les rendements sur les bons du Trésor avançaient encore. Le taux sur les bons à 10 ans s'inscrivait à 3,10% et celui sur les bons à deux ans grimpait à 3,45%, au plus haut depuis 15 ans.

"Une large partie du marché obligataire voit les rendements grimper et cela met la pression sur les actions", a résumé M. Albin.

Vers un long combat contre l'inflation

A ces données, se sont ajoutés plusieurs commentaires de responsables de la Réserve fédérale américaine (Fed) allant dans le sens d'une longue bataille à venir contre l'inflation.

Il faudra "quelques années" pour que l'inflation revienne aux Etats-Unis aux 2% que cible la banque centrale américaine, a prévenu mardi John Williams de la Fed de New York, soulignant que les taux au jour le jour vont continuer à être relevés pour juguler cette hausse des prix.

"La situation est très difficile. L'inflation est très élevée. L'économie rencontre beaucoup d'obstacles. Je pense que cela prendra quelques années, mais nous allons y arriver", a-t-il ajouté.

Les investisseurs attendent vendredi les chiffres officiels de l'emploi pour août après le bond inattendu d'un demi million d'embauches en juillet. Les analystes s'attendent à 300.000 nouvelles créations d'emplois et à un taux de chômage stable et toujours historiquement bas à 3,5%.

Du côté des valeurs, le secteur énergétique (-3,36%) a mené la baisse reflétant les craintes de récession qui ont animé le marché du pétrole. Le baril de Brent a conclu en chute de 5,50% sous la barre des 100 dollars. Exxon Mobil a lâché 3,81%, Chevron 2,44%.

La chaîne de magasins d'appareils électroniques Best Buy a grimpé de 1,61%, après la publication de résultats trimestriels pourtant en demi-teinte mais meilleurs qu'attendu et surtout au-dessus de ceux de la même période en 2019, avant la pandémie.

Parmi les autres valeurs du jour, Twitter a cédé 1,80% à 39,32 dollars alors qu'Elon Musk a invoqué dans une nouvelle lettre les accusations formulées par l'ancien chef de la sécurité de l'entreprise, Peiter Zatko, pour justifier avec des arguments complémentaires l'abandon de son projet de rachat.

L'action très volatile et spéculative ces dernières semaines de Bed Bath and Beyond, une autre chaîne de magasins, a perdu 9,29% après avoir débuté la séance en nette hausse, à la veille d'une présentation par la direction de la stratégie du groupe.

Snap, la maison mère de la populaire application de messagerie Snapchat, a abandonné 2,53% à 10,01 dollars. La société, qui avait annoncé de lourdes pertes fin juillet au deuxième trimestre, s'apprête, selon le site internet spécialisé The Verge, a licencier 20% de ses effectifs. Le titre a perdu presque 80% en Bourse cette année.

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