En plus de cela, Facebook Inc est sujet depuis plusieurs semaines à de vives critiques concernant, à la fois la gestion de nos données personnelles mais aussi la croissance du nombre de jeunes utilisateurs sur Instagram. Plusieurs rapports indiquent que les plus jeunes se détournent d’Instagram et que son taux de croissance perpétuelle semble donc être atteint. Un véritable douche froide pour la firme américaine qui était déjà grandement attaquée pour le snobisme grandissant dans les pays développés de son réseau social phare, Facebook.

En sachant que 98% du chiffre d'affaires de l’entreprise de Mark Zuckerberg provient directement ou indirectement de la publicité en ligne sur ses réseaux sociaux, les lumières étaient toutes au rouge avant la publication des résultats  du 3e trimestre qui a eu lieu hier soir.

Source : Facebook.com/investors

Voyons ensemble ce qui en est ressorti :

Sans grande surprise, le chiffre d’affaires de Facebook est en dessous des attentes. Tout comme le DAU (Daily Active Users) ou nombre d’utilisateurs actifs quotidiens en français, une statistique centrale dans l’analyse des réseaux sociaux. Malgré ces chiffres inférieurs au consensus des analystes, le cours gagnait 1.5% après la fermeture du marché. Les principales raisons étant que la marché avait déjà plus au moins pricé ce scénario - Facebook est à -15% de son ATH (all time high, record historique) de septembre. La seconde raison est principalement liée à l’annonce d’un plan de rachat d’actions de l’ordre de 50 milliards de dollars.

Si Facebook Inc semble si confiant en son business au point d'enchaîner les opérations de rachats d’actions, c’est probablement pour une bonne raison. C’est en tout cas ce que pense Mark Zuckerberg qui souhaite que Facebook s’émancipe de sa dangereuse dépendance envers les revenus publicitaires. Le jeune CEO l’a encore martelé hier soir; “le Metaverse est le futur d’internet” et Facebook compte bien récupérer la plus grosse part du gâteau dans cette industrie qui n’en est qu'à ses prémices.

Après avoir exprimé le souhait de se renommer “Metaverse” et annoncé créer 10.000 postes en Europe pour bâtir son univers virtuel, le groupe américain à une nouvelle fois fait un pas vers la réalité virtuelle.

Dorénavant, le CA et le résultat d’exploitation de Facebook seront séparés en deux segments biens distincts :

  • Segment d’activité : “Family of Apps” pour les activités liées à Facebook, Instagram, Messenger, WhatsApp…
  • Segment d’activité : “Facebook Labs” pour les activités liées à Oculus et au metavers

Ne vous méprenez pas, si ce changement peut paraître anodin, il ne l’est en réalité pas du tout. En séparant distinctement ces deux activités dans les publications de résultats annuels et semestriels, Facebook permet au marché de suivre le développement de cette nouvelle branche d’activité. Ce qui in fine, permettra au marché de mieux la valoriser et par conséquent mieux valoriser Facebook - qui s’est d’ailleurs fait reléguer hier à la sixième place des plus grosses capitalisation boursière après s’être fait dépasser par Tesla.

Mais pas de précipitation. Pour le moment, il s’agit simplement d’une part ridicule du chiffre d’affaires de l’entreprise publicitaire américaine. Et pour développer cette activité, des investissements colossaux devront être effectués dans les années à venir - plus de 10 milliards par an.

Enfin, même si à notre époque bon nombre d’investisseurs ont une confiance aveugle envers la capacité des GAFAM à ne pas tomber de leur trône, rien n’assure à Facebook de réussir dans ce marché.

Un petit rappel s’impose pour que les particuliers ne tombent pas dans un piège marketing de Zuckerberg, lui permettant de revaloriser à la hausse Facebook

Même avec des montagnes de cash, de nombreuses entreprises se sont cassées les dents sur des marchés qui n’étaient pas originellement les leurs. Ainsi, durant l’essor des réseaux sociaux, Google à lancé Google +, un réseau social sur lequel vous ne vous êtes probablement jamais connecté. Les Google Glass, des lunettes permettant de prendre des photos et passer des coups de téléphones, bien que révolutionnaires, furent également un véritable flop commercial. Plus récent encore, en 2019, Google souhaitait se lancer dans l’édition de jeux vidéo et le développement de console de salon avec la Google Stadia. Ce projet fut rapidement abandonné, la faute à des coups de développements astronomiques.

Source : Google.com/investors

Pour les plus anciens, peut être vous rappelez-vous de Microsoft Kin ou Microsoft Phone qui étaient censés concurrencer les BlackBerry et les iPhones… Ou Amazon qui lança Amazon Restaurants (Uber Eats/Deliveroo…), Amazon (Shotgun, Dice, TicketSwap…) ou encore Amazon Wallet pour ne citer que quelques projets qui furent de retentissant échecs

Facebook a donc de grands et beaux objectifs, néanmoins le marché du métavers en est encore qu'à ses balbutiements. Certaines GAFAM lancèrent également de beaux projets dans des marchés biens plus développés, et malgré leurs moyens colossaux et leurs puissances en R&D, ces projets sont aujourd’hui aux oubliettes. Le métavers est-il un marché à fort potentiel ou un Google Glass bis ? Facebook parviendra t-il à jouer un réel rôle dans cette industrie ?

Rien n’est sûr, néanmoins il pourrait s’agir d’un important levier de croissance permettant à Facebook de retrouver un niveau de valorisation comparable à celui des ses pairs. La faiblesse relative de ses ratios boursiers paraissent actuellement injustifiés en comparaison à ceux de Google, Twitter ou Snapchat.

Ratios de valorisations (TTM) :