L’année qui vient de s’achever a été marquée par l’acquisition du groupe Kindred, une entreprise proposant une offre en ligne diversifiée avec des marques fortes telles qu’Unibet et 32Red. L’opération a été réalisée début 2024 pour 2,5 milliards d’euros et intégrée dans les comptes début octobre. Ainsi, avec Kindred, FDJ United enregistre une croissance de 17 %, et de 10 % hors Kindred.
L’EBITDA progresse de 21 % à 792 millions d’euros. La marge d’EBITDA s’élève à 25,8 %. Sur la base d’un résultat net ajusté – retraité de divers éléments comptables – de 490 millions d’euros, le taux de distribution est de 77 %, soit un coupon de 2,05 euros par action, en hausse de 15 %, ce qui n’entrave pas les autres dépenses du groupe, notamment les investissements de croissance – ou Capex.
Mais alors que ces chiffres sont conformes, voire légèrement supérieurs aux attentes de certains analystes, le titre perd ce matin 11 %.
Cette année, le groupe vise un chiffre d’affaires de 3,8 milliards d’euros, soit un niveau plus ou moins équivalent aux revenus pro forma 2024, c'est-à-dire si l’acquisition de Kindred avait été intégrée sur la totalité de l’exercice. Il ne devrait donc pas y avoir de croissance organique cette année. En cause : l’augmentation de la fiscalité et le durcissement de la régulation sur les jeux d’argent et de hasard, en France et aux Pays-Bas principalement.
L’impact est d’autant plus important que la fiscalité des jeux ne s’applique pas directement au chiffre d’affaires, mais au Produit Brut des Jeux (PBJ), défini comme la différence entre les mises des joueurs et leurs gains. Par exemple, si les joueurs misent 100 euros et gagnent 70 euros, le PBJ est de 30 euros. Sur ce PBJ, une partie est prélevée par l’État sous forme de taxes, et le reste revient à FDJ. Chaque type de jeu est soumis à une fiscalité spécifique. Cela reflète les différences de taux de retour aux joueurs, et celle-ci varie selon les pays. Une hausse des taxes réduit automatiquement la part du PBJ perçue par FDJ, ce qui diminue mécaniquement son chiffre d’affaires et, dans les mêmes proportions, son EBITDA. Dans un secteur classique, une entreprise pourrait ajuster ses prix ou sa structure de coûts pour compenser une hausse de la fiscalité. Mais la FDJ ne peut pas ajuster librement ses prix, car ses revenus ne proviennent pas directement des mises des joueurs, mais uniquement de la part du PBJ qui lui revient après les gains des joueurs.
Pour autant, la FDJ se veut rassurante en maintenant ses objectifs à moyen terme. Pour les prochains exercices, l’entreprise souhaite conserver son levier d’endettement inférieur à 2 fois l’EBITDA, un niveau de Capex compris entre 4 % et 5 % du chiffre d’affaires, et un taux de conversion de l’EBITDA courant en trésorerie supérieur à 80 %. L’entreprise estime être en mesure de compenser les effets de la hausse de la fiscalité et du renforcement de la régulation par des mesures dont l’impact graduel atteindra au moins 100 millions d’euros sur l’exercice 2027.
