“Mon style est assez simple, et direct. Je vise très haut, puis je ne cesse de pousser, pousser, pousser pour obtenir ce que je veux.” Voilà comment se décrivait Donald Trump dans The Art of the Deal. De retour à la Maison Blanche, le président républicain multiplie les décisions radicales perçues comme des actes de guerre commerciale. Résultat : une logique de repli sur soi, de remise en cause de la mondialisation, et un coup d’arrêt pour les échanges internationaux. Un climat pesant pour les acteurs du fret et de la logistique, en quête de stabilité.
Dans un marasme difficile
L’ambiance générale sur les marchés se teinte de méfiance. Le repli stratégique de certains pays remet en question les circuits mondiaux d’échange. Dans ce contexte incertain, les spécialistes du fret sont en première ligne. Berenberg a récemment publié une note d’analyse sur Hapag-Lloyd, soulignant que “la volatilité des taux de fret et les tensions géopolitiques mondiales rendent la prévision des bénéfices extrêmement difficile”. Une remarque valable pour l’ensemble du secteur.
Chez UBS, le constat est similaire. Dans une étude sur la logistique européenne, la banque anticipe une faible demande en fret aérien et express sur les prochains trimestres, des volumes en baisse d’une année sur l’autre et une pression accrue sur les tarifs. Selon eux, les surtaxes imposées par DHL Express risquent de ne pas être entièrement répercutées lors de la haute saison 2025. Ce climat pèse sur les poids lourds du secteur comme UPS, FedEx, AP Moller Maersk ou Kuehne + Nagel.
Des exceptions à prévoir ?
Parmi les grands noms du secteur, seule DHL reste dans le vert depuis le début de l’année. Une performance qui pourrait s’éroder sous la pression généralisée. L’équation est simple : des tarifs douaniers plus élevés freinent les échanges internationaux, et une baisse du commerce mondial affaiblit mécaniquement les transporteurs.
Mais quelques exceptions se distinguent. Certains groupes très implantés localement et concentrés sur un seul territoire pourraient tirer leur épingle du jeu. C’est notamment le cas de Stef, spécialiste du transport de produits frais et surgelés. L’entreprise réalise 65 % de son chiffre d’affaires en France, et le reste en Europe, un positionnement qui lui permet de rester relativement à l’abri des turbulences globales.
Autre acteur à suivre : InPost. Depuis le rachat de Mondial Relay en 2021, la spécialiste polonaise des consignes automatiques a débuté un redressement solide. Si une bonne partie de ses revenus provient d’Europe, la société devra cependant surveiller l’évolution de ses relations avec des géants comme Amazon.
Dans un climat de guerre commerciale, la résilience passe par la spécialisation et l’ancrage territorial. Reste à voir si ces stratégies suffiront à résister à la tempête.