ANKARA (Reuters) - Un tribunal turc a condamné vendredi Hidayet Karaca, ancien directeur du groupe de médias aujourd'hui disparu Samanyolu, et l'ancien chef de la police Nazmi Ardic à respectivement 1.406 ans et 2.170 ans de prison dans une affaire de fausses accusations de matches truqués visant l'un des plus grands clubs de football du pays, Fenerbahçe.

Les deux hommes ont notamment été reconnus coupables d'avoir comploté et falsifié des documents pour étayer de fausses accusations de matches truqués.

L'ancien président de Fenerbahçe, Aziz Yildirim, qui a toujours clamé son innocence, a écopé en 2012 d'une peine d'emprisonnement dans le procès de ces matches prétendument truqués qui a secoué la Turquie, tandis que le club lui-même a été exclu des compétitions européennes pendant deux saisons.

L'affaire a cependant été rejugée, le parquet ayant affirmé disposer de preuves d'un complot.

Selon ce dernier, les accusations de matches truqués ont été fabriquées à l'époque par des procureurs liés au mouvement du prédicateur turc en exil, Fethullah Gülen. Ce dernier, qui vit aux Etats-Unis, est par ailleurs accusé par Ankara d'avoir fomenté le coup d'Etat manqué de juillet 2016 contre le président Recep Tayyip Erdogan. Le prédicateur rejette cette accusation.

Selon l'agence de presse Anadolu, au moins 25 autres accusés ont été condamnés par le tribunal turc à différentes peines de prison.

Le président de Fenerbahçe, Ali Koc, a souligné devant la presse que la décision rendue ce vendredi par le tribunal montrait que le club avait été la victime d'un complot organisé par le mouvement de Gülen. Il a ajouté vouloir utiliser tous les moyens juridiques pour obtenir une indemnisation "financière et morale".

Les procureurs et les juges chargés de ce dossier à l'époque ont quitté la Turquie à la suite du putsch manqué de 2016.

(Ece Toksabay; version française Claude Chendjou, édité par Bertrand Boucey)