Son cas fut déjà traité plusieurs fois dans nos colonnes, dont une dernière fois il y a un an presque jour pour jour. Voir Fevertree Drinks PLC : Gueule de bois.
Victime d’une trop forte concurrence, voire passé de mode au Royaume-Uni et en Europe, où ses ventes diminuent encore de 6% et 12 ce semestre, Fevertree jouait son va-tout sur les Etats-Unis.
Or les ventes n'y progressent que de 7% sur les six premiers mois de l’année, ce qui traduit un très net recul par rapport à la performance de l’année précédente à la même époque, lorsque les ventes y étaient en expansion de 32%.
Annualisé, le profit d’exploitation de 2024 serait égal à celui d’il y a huit ans. Ceci, alors que les ventes de la marque ont quadruplé depuis. On chercherait l’exact inverse du phénomène des économies d’échelle qu’on les trouverait nulle par ailleurs aussi bien qu'ici.
Le groupe a certes conservé pour lui un très bon bilan, mais on regrettera cependant que son management n’ait pas eu l’astuce de réaliser une augmentation de capital lorsque la valorisation atteignait des sommets.
Seul véritable motif de satisfaction ce semestre : la gamme de boissons non-tonics atteint désormais 40% du chiffre d’affaires, notamment grâce au succès de la bière au gingembre de Fevertree dont les ventes augmentent de 19%, sur un marché de la bière pourtant compliqué.
Par ailleurs, la poussée inflationniste est contenue et les marges devraient s’améliorer ces prochains trimestres, d’où une distribution de dividendes attendue elle aussi à la hausse. Malgré un premier semestre qui voit le chiffre d’affaires consolidé reculer de 2%, le management entrevoit aussi une année de croissance, avec des ventes en hausse de 4% à 5%.
Un certain optimiste reste donc de mise, comme en atteste les achats de titres au marché de certains administrateurs ces deniers mois. Les amateurs du genre devraient garder les yeux rivés sur ces transactions d'unités — elles pourraient signaler une réelle inflexion.
Le précédent Fevertree pourra en tout cas servir de potentiel avertissement aux actionnaires de Celsius, dont le parcours boursier rappelle furieusement celui du britannique. Voir à ce sujet Celsius Holdings, Inc. : Croissance sous stéroïdes, risque à ne pas perdre de vue.
A treize fois le profit d’exploitation avant amortissements — ou EBITDA — attendu cette année, la valeur d’entreprise de Fevertree évolue sur ses plus-bas historiques, loin de la moyenne à dix ans de trente-quatre fois l’EBITDA et encore plus loin des sommets de soixante fois l’EBITDA atteints à l’été 2018.