NEWYORK (Reuters) - Les autorités américaines et le plus important opérateur d'oléoducs des Etats-Unis tentaient toujours lundi de reprendre le contrôle du réseau qui fournit près de la moitié des carburants pétroliers consommés sur la côte est du pays, visé depuis trois jours par une cyberattaque aux motifs apparemment crapuleux.

L'attaque au "rançongiciel" visant la société Colonial Pipeline est l'une des plus importantes jamais rendues publiques et elle a des répercussions sur l'ensemble du marché pétrolier mondial puisqu'elle favorise la hausse du prix du baril et pourrait obliger les Etats-Unis à affréter des navires en Europe pour éviter des pénuries.

Le cours de l'essence sur les marchés à terme américains a atteint son plus haut niveau depuis trois ans.

La Maison blanche a déclaré que la réouverture du réseau de Colonial Pipeline était l'une de ses priorités et elle a mis en place une cellule de crise au niveau fédéral chargée d'évaluer l'impact de l'attaque et d'éviter des ruptures d'approvisionnement.

Plusieurs Etats du sud-est du pays, les plus dépendants du réseau visé, pourraient connaître une hausse marquée des prix à la pompe dans les jours à venir.

"Ma principale crainte, pour ce qui concerne les consommateurs, c'est qu'on aboutisse à une ruée sur les stocks d'essence dans les stations-service, ce qui ne ferait qu'amplifier ce qui est en train de se passer dans les terminaux pétroliers", a expliqué Andrew Lipow, président du cabinet de conseil Lipow Oil Associates.

L'enquête fédérale sur la cyberattaque ne fait que commencer mais selon un ex-responsable américain et trois sources du secteur, les pirates sont soupçonnés d'appartenir à un groupe dénommé DarkSide. Plusieurs experts en cybersécurité expliquent que ce groupe composé de cyberdélinquants expérimentés cherche à obtenir d'autant d'argent que possible de ses cibles.

Dimanche, Colonial Pipeline a déclaré avoir rouvert certaines liaisons entre des terminaux et des points de livraison aux clients tout en précisant que la majeure partie de son réseau de 8.850 kilomètres restait fermée.

Le réseau de Colonial transporte plus de 2,5 millions de barils par jour d'essence, de diesel et de kérosène aux distributeurs et aux aéroports, dont celui d'Hartsfield-Jackson International à Atlanta, le plus fréquenté du pays.

Le département des Transports à Washington a annoncé des mesures d'urgence permettant de faciliter l'approvisionnement, en levant des restrictions de circulation imposées aux camions citernes dans 17 Etats touchés.

De leur côté, des négociants américains ont réservé au moins six tankers pour acheminer de l'essence depuis l'Europe jusqu'à la côte est des Etats-Unis.

Un autre exploitant d'oléoducs, Kinder Morgan, dont la capacité dans la région est de 720.000 barils par jour, s'efforce d'augmenter ses volumes de livraisons depuis vendredi et a atteint samedi sa capacité maximale, a dit une porte-parole à Reuters.

(Devika Krishna Kumar, avec Stephanie Kelly à New York et Steve Holland à Washington; version française Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)