Paris (awp/afp) - Covid-19 et confinement continuent à faire des ravages dans la distribution: quelque 450 emplois sont menacés au sein de l'emblématique groupe Printemps, qui envisage de fermer sept magasins afin d'"assurer la pérennité de ses activités". Pour les salariés, "le choc est terrible".

Celio, La Halle, André, Naf Naf, Camaïeu, Alinéa, Top Office, Parashop en France, et Sainsbury's, John Lewis, Marks & Spencer, Debenhams, Boots à l'étranger, entre autres: la liste des célèbres enseignes de magasins devant réduire la voilure pour faire face à la crise s'allonge.

Mardi, c'est donc le groupe Printemps qui a annoncé prévoir la fermeture de quatre magasins Printemps, situés à Paris (Place d'Italie), Le Havre, Strasbourg et Metz, et de trois magasins Citadium, deux à Paris (Champs-Elysées et Nation) et un à Toulon.

"On a eu un CSE ce matin, 450 emplois sont concernés par un Plan de sauvetage de l'emploi, dont 330 dans les magasins Printemps et 120 chez Citadium", a indiqué à l'AFP Jean-Jacques Liebert, délégué syndical central CGT, un chiffre confirmé par la CFDT.

De son côté, le groupe a précisé à l'AFP que l'"information-consultation" des salariés n'était "pas lancée" et qu'elle devait durer quatre mois. "Les fermetures de magasins pourraient s'étaler jusqu'en janvier 2022", et "428 postes pourraient être concernés" sur un total de 3.000, selon cette même source.

Le groupe Printemps, fondé en 1865 et qui détient 19 grands magasins en France à son nom, ainsi que huit Citadium, spécialisés dans le sport, a expliqué évoluer "sur un marché structurellement difficile" depuis "plusieurs années".

Le marché de la mode "a perdu 17% de sa valeur sur les dix dernières années", expliquait fin octobre Yohann Petiot, directeur général de l'Alliance du commerce, qui rassemble l'Union du grand commerce de centre-ville, la Fédération des enseignes de l'habillement et celle des enseignes de la chaussure.

"Succession de crises conjoncturelles"

En outre, le groupe a été frappé par "la succession de crises conjoncturelles (attentats, manifestations des gilets jaunes, grèves)", sans même parler de l'épidémie de Covid-19 qui a réduit drastiquement les flux touristiques, ainsi que, en règle générale, la fréquentation en magasins.

"Pour arrêter les pertes, s'adapter aux exigences de marché et assurer sa pérennité sur le long terme", le groupe Printemps se dit "dans l'obligation de transformer son modèle", et prévoit d'investir 40 millions d'euros par an "sur les deux à trois prochaines années" pour notamment accélérer sur la vente en ligne.

En attendant, "le choc est terrible" pour les magasins concernés par la fermeture, déplore Martine Ebersold, déléguée CGT au magasin de Strasbourg. "Il y en a qui vont se retrouver à 55, 60 ans sans emploi. Certains ont 40 ans d'ancienneté".

"On ne comprend pas les choix qui ont été faits, la stratégie, c'était de mauvais choix, par exemple à Strasbourg d'avoir laissé partir la clientèle locale et d'avoir misé sur le luxe", accuse-t-elle encore. "Ca fait sept ans qu'on alerte, mais on n'a pas été écouté et aujourd'hui on paye les pots cassés".

Alexandre Kurzepa, délégué syndical CFDT qui travaille depuis cinq ans au Printemps à Metz, ne s'attendait pas à une annonce "aussi brutale" que la fermeture complète du magasin, qui n'avait "pas de souci au niveau de la gestion". Selon lui, le magasin de Metz, dont la fermeture est "un cataclysme" pour le maire (LR) François Grosdidier, paie le fait d'être "l'un des plus petits Printemps" avec celui du Havre.

Le groupe assure qu'"afin de favoriser le reclassement interne et externe", il "mettra notamment en place des congés de reclassement ainsi que des aides à la formation, à la mobilité géographique, à la création et à la reprise d'entreprises".

D'ici là, "une nouvelle réunion est convoquée pour le vendredi 21", précise Jean-Jacques Liebert. "Ils veulent aller vers un accord de performance et compétitivité, ça ne présage rien de bon".

afp/jh