Flex est une entreprise qui réalise 94% de son chiffre d’affaires en proposant des services de sous-traitance. Les ventes sont dominées par le segment Agility Solutions (52% du CA) qui se concentre sur des produits qui nécessitent une mise sur le marché rapide. Il s’agit des infrastructures de données et de communications, des appareils dits lifestyle ( électroménager, emballage de produits de consommation, l’audio, l’entretien des sols), et les appareils mobiles et grand public. 

Le segment Reliability Solutions (42% du CA) est optimisé pour des cycles de vie plus longs. Les modèles de production sont plus complexes. Concrètement, il s’agit de technologies pour l’automobile (systèmes de connectivité, technologies intelligentes, solutions d’electrification), pour la santé (dispositifs médicaux, solutions d’administration pour les médicaments) et l’industrie comme des biens d’équipements et des dispositifs pour les énergies renouvelables et la périphérie de réseau. 

Flex détient une participation dans Nextracker, un fournisseur de trackers solaires pour les panneaux solaires. Nextracker contribue à hauteur de 6,5 % aux revenus du groupe. Cette filiale a été introduite en bourse en début d'année, dans le cadre d'une scission visant à apporter une valorisation plus appropriée à cette activité qui était camouflée par le cœur de l’activité de l’américain. Flex détient encore 61,4% de sa filiale.

Nextracker fait son bonhomme de chemin (source : Flex)

Flex évolue sur un marché très compétitif. Mais à l’inverse de nombreux acteurs qui sont spécialisés dans des domaines bien précis, Flex est diversifié. Le groupe s’attaque autant à la technologie qu’à l’automobile, aux soins de santé et aux télécommunications. C’est un avantage car Flex n’est pas exposé à la cyclicité d’un marché spécifique. De plus, Flex profite de synergies intersectorielles. Certains moyens de productions peuvent en effet être adaptés à plusieurs activités. Certaines technologies et moyens de production sont applicables à plusieurs secteurs, comme les centres de données, la connectivité des véhicules électriques et les équipements médicaux sophistiqués. Cependant, la forte concurrence exerce une pression sur les prix et les marges.

D’un point de vue géographique, l’Amérique du Nord est la première région d’activité avec 38% des ventes (17% pour les Etats-Unis). Le groupe est aussi très présent en Chine (22%), dans la zone EMEA (Europe, Afrique et Moyen-Orient) et en Amérique du Sud, notamment au Mexique et au Brésil. Enfin, la diversité se retrouve dans la clientèle du groupe puisque aucun client ne représente plus de 10% du chiffre d’affaires. Les dix principaux clients comptent pour 34% des ventes. 

Sur la décennie qui s’étend de 2014 à 2023, les revenus ont faiblement progressé en passant de 26,1 Mds$ à 30,3 Mds$. Malgré un doublement de la marge d'exploitation depuis 2014, la rentabilité demeure relativement faible. La marge nette est plus fluctuante, principalement en raison de coûts de restructuration importants durant plusieurs exercices et des dépréciations d'actifs. Les free cash flow n'ont pas non plus atteint des niveaux particulièrement remarquables. Cela dit, comment peut-on expliquer la multiplication par plus de 4 du titre depuis 2013. 

Déjà, Flex figure parmi les principales sociétés de sous-traitance du continent nord américain. Ensuite, le groupe est positionné sur des technologies modernes. Il dispose aussi d’une bonne maîtrise de son réseau de production puisqu’il est très présent dans les pays ou la main d'œuvre n’est pas chère : Chine, Brésil, Hongrie, Malaisie, Mexique, etc. La rentabilité des capitaux propres est élevée (supérieure à 20%) et les retours aux actionnaires sont conséquents avec des rachats d’actions très importants. L’effet mécanique est que la valeur des actions restantes augmente. Le nombre de titres est passé de 602,4 millions en 2014 à 446,6 millions l’an dernier.

Les rachats d’actions de Flex (source : Flex)

Flex réalise beaucoup d’investissements de croissance. Ces derniers ont surtout contribué à faire progresser la rentabilité opérationnelle ces dernières années. Les Capex s’élèvent à 2,3 Mds$ depuis 2019, soit un montant bien supérieur aux free cash flow, l’un des gros points faibles du groupe . La trésorerie dispose de 3,3 Mds$ de liquidités et le bilan est sain puisque la dette est bien gérée puisque les échéances sont bien réparties dans le temps.

Cash Flow is … NOT king for Flex (source : Flex) 

En ce qui concerne l'avenir, les perspectives sont plutôt encourageantes et ont été revues à la hausse à la fin du premier trimestre. Flex prévoit désormais d'atteindre une marge d'exploitation record, comprise dans une fourchette entre 5 % et 5,2 %. De plus, le bénéfice par action qui a connu une certaine instabilité au cours des dernières années devrait lui aussi dépasser les standards habituels cette année, entre 2,35 $ et 2,55 $. En ce qui concerne la valorisation, elle est plutôt attractive. Le multiple des bénéfices est de 12 fois pour cette année et à peine 10 fois l’année prochaine. L’opération sur Nextracker est une bonne chose car cette filiale a beaucoup de potentiel. Les prévisions de bénéfices et de rentabilité ont d’ailleurs, elles aussi, été grandement revues à la hausse. 

Perspectives financières pour cette année (source : Flex)