Genève (awp) - La gigantesque braderie promotionnelle du "Black Friday", qui s'est déroulée en Suisse le 27 novembre, s'est caractérisée par une forte progression des ventes en ligne, pandémie oblige. Pour certaines enseignes toutefois, cela ne suffira pas à atteindre les ventes de l'événement l'année dernière.

Selon le site blackfriday.ch, qui référence les offres en ligne des commerçants helvétiques depuis 2016, le vendredi 27 novembre marque une journée record pour le canal. Quelque 130 millions de francs suisses auraient été dépensés sur internet en Suisse vendredi dernier soit une progression de 30% sur un an.

Fabian Hildbrand, directeur de la communication au sein du groupe Manor, dresse le même constat. "Les ventes en ligne ont été fortes et ont enregistré une croissance élevée à deux chiffres sur un an", a-t-il déclaré à AWP. La part du chiffre d'affaires réalisée sur internet a même atteint 4 à 5 fois celle d'un jour normal, d'après le responsable.

Les ventes de Fnac ont, elles, presque triplé par rapport à 2019, d'après le bilan de Cédric Stassi, directeur général de la branche suisse de l'enseigne. En Suisse romande notamment, "le shop-in-shop de Chavannes a fortement bénéficié de la clientèle genevoise qui s'y est déplacée en masse en raison de la fermeture des commerces à Genève", détaille-t-il.

Contacté par AWP, le géant de la distribution Coop dresse le même constat d'une augmentation de ses ventes sur Coop.ch notamment, d'après la porte-parole Melanie Grüter.

La filiale de vente par correspondance de Migros, Digitec Galaxus, a carrément dû gérer plusieurs ruptures de stock sur le site dès jeudi minuit. "Nous avons enregistré un nombre de commandes nettement supérieur à celui de l'année dernière", se réjouit Norina Brun, responsable communication, sans en dévoiler le montant.

Un contexte difficile

Cette progression du commerce en ligne ne compense cependant pas totalement la baisse des ventes liées à la fermeture des magasins décidée par les autorités et à la morosité du climat général.

A Manor, "le Black Friday de 2020 est plus faible que celui des années précédentes mais c'était quelque chose que nous avions prévu en raison de la fermeture de notre établissement à Genève, de la forte concurrence et des consommateurs, devenus plus prudents pour des raisons sanitaires", révèle ainsi M. Hildbrand.

Même son de cloche chez le concurrent Globus, où "les ventes n'ont pas atteint celles de l'année précédente", d'après Franziska Gaemperle, responsable en communication.

La Fnac, qui fait face à une chute de 70% de sa fréquentation dans la cité de Calvin, hésite encore sur l'impact du Black Friday sur une année difficile. " Il est trop tôt pour savoir si nous serons en mesure de récupérer les pertes enregistrées", estime ainsi le patron Cédric Stassi.

De nouvelles tendances se dégagent

Dans ce contexte inédit, le Black Friday édition 2020 dégage des orientations nouvelles. "On observe une tendance à l'équipement ménager, une volonté d'améliorer son confort puisque les gens passent plus de temps à la maison", note ainsi Jérôme Amoudruz, cofondateur de la plateforme blackfriday.ch.

Les smarpthones, tablettes, aspirateurs et autres machines à café ont ainsi fait bondir leurs courbes de vente, d'après l'ensemble des commerçants contactés par AWP.

Autre tendance, celle d'une clientèle plus âgée qui se met au commerce en ligne pour éviter les grandes affluences de fin d'année dans les magasins et les risques sanitaires qu'elles entraînent.

Conséquence, les montants dépensés grimpent. "La hausse de l'âge moyen des consommateurs en ligne explique en partie la progression de la valeur du panier cette année, les personnes plus âgées ayant un pouvoir d'achat plus élevé", analyse Jérôme Amoudruz.

nj/jh