Forvia a déjà atténué environ 50% de son exposition estimée aux droits de douane américains et se dit en bonne voie pour en compenser la totalité, a déclaré jeudi le directeur général de l’équipementier automobile français, Martin Fischer, lors d’un appel avec des journalistes.
L’entreprise, qui exporte vers les États-Unis des produits fabriqués dans ses usines mexicaines, est impactée depuis mars par l’imposition par le président Donald Trump de droits de douane de 25% sur les importations en provenance du Mexique.
Fournisseur de Stellantis, Volkswagen et Ford, Forvia cherche à réduire l’impact de ces mesures en mettant en place des mécanismes de répercussion auprès de ses clients, en renégociant avec ses fournisseurs et en réorganisant sa chaîne d’approvisionnement.
“Nous avons activé les clauses de répercussion et de négociation avec nos clients, nous optimisons notre chaîne logistique, nous maximisons l'utilisation de nos usines aux États-Unis et nous rendons les coûts plus flexibles dans toutes les usines concernées”, a précisé le directeur financier Olivier Durand.
Pour faire face à la volatilité du marché, Forvia prévoit également de réduire ses investissements, avec un objectif de diminution de plus de 100 millions d’euros de dépenses d’investissement et de développement en 2025 par rapport à l’année précédente.
L’entreprise va par ailleurs réduire ses coûts fixes en gelant les embauches à l’échelle mondiale, en mettant fin aux contrats temporaires, en limitant les déplacements professionnels et en réduisant ses dépenses marketing, notamment en annulant sa participation aux salons CES et IAA.
Durand a ajouté que Forvia, qui prévoit de céder des actifs non stratégiques d’ici fin 2026, a suscité un intérêt principalement de la part d’acteurs non européens.
Au premier trimestre 2025, les ventes de Forvia ont progressé de 2,6%, atteignant 6,7 milliards d’euros, dépassant la croissance du marché automobile mondial selon les prévisions de S&P Global Mobility publiées plus tôt ce mois-ci. Cette surperformance est notamment attribuée aux activités sièges et électroniques en Europe.En Chine, les ventes ont augmenté de 4,6 % pour atteindre 1,3 milliard d’euros.
Cependant, l'analyste Adrien Brasey, de chez AlphaValue explique "Nous nous attendons à ce que la guerre commerciale commence à avoir un impact plus significatif sur la production à partir du deuxième trimestre. Certains équipementiers ont déjà commencé à réduire leur production au Mexique et au Canada vers la fin du premier trimestre. Combiné à l'incertitude macroéconomique persistante, nous pensons que cela pourrait peser davantage sur la demande et les volumes de production, ce qui pèsera considérablement sur Forvia".
“Même s’il y a une sous-performance globale en Chine, elle s’accompagne d’une hausse continue de nos activités avec les constructeurs locaux, notamment BYD, et de la montée en puissance de notre collaboration avec Chery”, a précisé Durand.
Adrien Brasey reste plus sceptique sur ces chiffres : “Cela confirme l'une de nos principales préoccupations : la surexposition de Forvia à l'Europe et sa dépendance vis-à-vis des équipementiers occidentaux en Chine. Au T1, Forvia a sous-performé en Chine de 890 points de base (contre une surperformance de 1 140 points de base en Europe et une légère sous-performance de 30 points de base dans les Amériques). Si le groupe a réitéré son objectif de surperformer le marché chinois en 2025, nous restons prudents. La direction s'attend à ce que cette surperformance s'amorce au S2 2025.”