SYDNEY, 21 juillet (Reuters) - L'Australie envisage de renforcer sa législation sur la protection de la vie privée à la lumière du scandale des écoutes téléphoniques imputées au tabloïd News of the World en Grande-Bretagne, a annoncé jeudi le gouvernement australien.

Brendan O'Connor, le ministre de l'Intérieur, a lancé des consultations sur la définition d'un nouveau droit accordé aux citoyens de porter plainte pour "intrusion grave dans la vie privée".

"L'affaire des écoutes téléphoniques de News of the World conduit les gens à travers le monde à s'interroger sur leur propre paysage médiatique: qu'est-ce qui est acceptable et qu'est-ce qui ne l'est pas", écrit-il dans une tribune publiée par le journal The Australian.

Brendan O'Connor formule l'espoir qu'une nouvelle législation parvienne à un équilibre entre préservation de la vie privée et droit d'informer.

News of the World est un journal de l'empire médiatique de Rupert Murdoch, News Corp.

News Ltd, filiale de News Corp en Australie, contrôle 70% de la presse australienne en termes de lectorat.

Greg Baxter, l'un des dirigeants de News Ltd, a souligné à l'antenne de la radio ABC News que rien ne permettait d'établir un lien entre le scandale des écoutes en Grande-Bretagne et l'Australie.

"Il n'y a pas le moindre lien entre ce qui s'est passé à News of the World et la façon dont nous conduisons nos affaires ici", a-t-il dit. "Il n'existe aucune preuve que ce genre de pratiques existent à News Ltd ou dans tout autre média ici."

Les Verts, qui déterminent l'équilibre du pouvoir au Sénat australien, réclament une enquête parlementaire sur la législation sur la presse à la lumière du scandale qui ébranle le Royaume-Uni, et Julia Gillard, le Premier ministre, soutient l'idée d'un débat sur ces questions.

Elle s'est toutefois refusée à tirer hâtivement des conclusions sur le comportement du groupe de Rupert Murdoch.

Plusieurs ministres reprochent depuis des mois à News Ltd un traitement partial de l'information au détriment du gouvernement travailliste minoritaire. Le ministre des Communications, Stephen Conroy, a accusé cette semaine le groupe de presse de faire campagne pour "un changement de régime".

Le patron de News Ltd, John Hartigan, a démenti la semaine dernière toute campagne intentionnelle contre le Labour, parlant d'une couverture agressive mais juste de l'actualité.

Il a également réfuté "tout lien entre les événements au Royaume-Uni et nos activités en Australie".

RENVOI

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(Narayanan Somasundaram et Rob Taylor, Jean-Stéphane Brosse et Bertrand Boucey pour le service français)