Olivier Marcheteau, pouvez-vous nous présenter votre parcours en l’illustrant par un succès professionnel dont vous êtes particulièrement fier ? Pourquoi avez-vous choisi de rejoindre Freelance.com en ce début d’année ?
" Cela fait une vingtaine d’années que je dirige des sociétés de croissance déjà bien lancées qui -après une première phase de développement rapide- ont besoin d’un nouveau cap ou d’une nouvelle dynamique. Mon expérience chez Cdiscount entre 2010 et 2014 où le défi était de relancer la croissance l’illustre bien : nous avons retrouvé une croissance annuelle de 15 à 20% tout en restant profitables, avons lancé la place de marché, la régie publicitaire ou encore des initiatives innovantes dans le mobile et multicanal. Le changement de dimension de Vestiaire Collective, dont la taille a été multipliée par sept lors de mon passage qui a duré cinq ans est également une grande satisfaction. Pour faire court, j’aime construire, depuis la France, des leaders internationaux, dans des univers en mutation où les mutations sont nombreuses comme c’est le cas avec Freelance.com. "
Quel est votre rapport d’étonnement et quelles vous semblent être les priorités pour Freelance.com aujourd’hui ?
" Freelance.com a déjà réalisé un parcours impressionnant dans le domaine de la transformation du monde du travail, combinant croissance organique et externe. La société est déjà bien structurée, le travail d’intégration des dernières acquisitions bien avancé, il s’agit maintenant de préparer l’étape suivante. Parmi les priorités, j’ai identifié un besoin d’améliorer l’excellence opérationnelle en poussant plus loin l’intégration des acquisitions, en investissant dans la technologie pour améliorer les expériences utilisateurs et générer des gains de productivité. L’IA fera évidemment partie des leviers d’amélioration pour faciliter l’intermédiation entre les talents et les entreprises. L’internationalisation de la société sur un marché de plusieurs centaines de milliards d’euros doit bien sûr se poursuivre, progressivement. "
C’est la première fois que vous dirigez une société cotée. Comment voyez-vous la cotation en Bourse de la société ? Comment vos intérêts seront-ils alignés sur ceux des actionnaires minoritaires ?
" La Bourse apporte de la visibilité à l’entreprise et de la liquidité à ses actions, mais elle oblige également à communiquer sans trop se dévoiler dans un secteur où les acteurs sont rarement cotés. Concernant l’alignement des intérêts, il est bien sûr prévu que je devienne actionnaire, moyennant des conditions d’attribution liées à la performance de l’entreprise. "
Après OpenWork (~70 M€ de CA) et STA (~80 M€ de CA) au second semestre 2023, Freelance.com a poursuivi la consolidation du marché portage salarial avec l’acquisition de Prium (56 M€ de CA en 2023) fin 2024. Comment expliquez-vous cette accélération de la consolidation du marché ? Est-ce un signe d’arrivée à maturité ?
" Le portage salarial est plus sensible aux cycles économiques, ce qui explique qu’il a accusé un léger repli en 2024. En effet, la plupart des travailleurs indépendants portés trouvent eux même leurs missions et le renouvellement de ces dernières est plus difficile en période de ralentissement conjoncturel. Dans ce contexte tendu, les acteurs questionnent naturellement leur stratégie et cherchent à se rapprocher pour réaliser des économies d’échelle. Notre objectif reste de conforter notre position de 1er acteur européen du portage salarial et de rapprocher nos différentes offres de portage salarial autour d’un nombre limité de marques fortes et avec des territoires bien établis, tout en harmonisant la technologie et les modes opératoires pour dégager des synergies opérationnelles et de coûts. "
En France comme à l’international, l’activité du Groupe a été stable en organique. Comptez-vous plutôt croitre en organique ou par acquisition ces prochaines années ?
" Sur un marché européen de l’intermédiation de talents évalué à plus de 300 milliards d’euros, notre part de marché reste faible. De plus, toutes les analyses de marchés (ESN, freelancing…) montrent que le potentiel de croissance reste élevé à moyen terme. Les nouvelles façons de travailler (freelancing, temps partiel, alternance de statuts, télétravail…) sont amenées à se développer durablement. A ces moteurs de croissance organique que nous irons chercher grâce à des équipes très engagées auprès à la fois des talents et de nos clients entreprises, nous continuerons de réaliser des acquisitions mais à court terme, la priorité ira à l’intégration des dernières acquisitions. "
Quel niveau d’atterrissage de la marge envisagez-vous sur l’exercice 2024, après un premier semestre où la marge d’Ebitda du Groupe a reculé de 0.3 points, à 3.2% ?
" Nos marges sont ponctuellement diluées par les acquisitions, d’où l’importance des synergies à mettre en place. Nous devons également travailler sur notre offre, nos marques afin de mieux faire valoir la valeur ajoutée que nous apportons à nos clients. Nous allons prendre le temps d’élaborer un nouveau plan stratégique qui sera présenté aux investisseurs le moment venu. "
(source : société)