Les trois fois précédentes, elle avait buté sur ce plafond de cinquante euros par titre pour retomber sur un plancher de trente euros par titre. Il est vrai que la pandémie et la guerre en Ukraine étaient passées par là entre-temps ; cependant, force est de reconnaître que Fuchs résiste remarquablement bien à la dure récession qui sévit outre-Rhin depuis deux ou trois ans.
Le groupe basé à Mannheim et contrôlé par la famille éponyme depuis trois générations est le premier producteur indépendant de lubrifiants au monde. Devant lui, ses sept premiers concurrents sont tous des majors : Shell, Exxon, BP, Total, Sinopec, Chevron et Petrochina ; derrière lui, ses deux poursuivants immédiats sont les américains Valvoline et Ergon.
Fuchs réalise les trois-quarts de ses ventes à l’international, dont un peu moins d’un quart en Chine. Le segment automobile représente 44% du chiffre d’affaires, et le segment industrie, bien diversifié en matière de débouchés quoique très lié à la mobilité, les 56% restants.
Fait saillant : le marché des lubrifiants se caractérise par une totale absence de croissance sur vingt-cinq ans, ce qui, on le voit, n’a pas empêché Fuchs d’y prospérer grâce à ses produits de spécialité et une judicieuse stratégie d’acquisitions.
Les craintes étaient fortes que l’essor des motorisations électriques ne vienne durablement perturber les ventes du groupe, qui semblent en effet plafonner depuis trois ans. Celui-ci soutient qu’il n’en est rien, et que ses produits restent nécessaires pour préserver l’intégrité à long terme des batteries et d’autres équipements comme les moyeux de roues.
Les abonnés depuis longtemps fidèles à Zonebourse se souviendront sans doute que Fuchs fut à une lointaine époque une position de notre portefeuille Europe — portefeuille qui, pour l’anecdote, surperforme très nettement son indice de référence en 2025.
Notre équipe d’analystes admet sans peine avoir toujours eu un faible pour ce groupe industriel et familial bien géré, machine bien huilée qui assure avec brio son expansion sur un secteur difficile, et dont les communications financières sont aussi transparentes qu’excellentes.
Fuchs, comme Zonebourse le fait traditionnellement dans ces colonnes, a l’habitude d’évaluer sa performance économique sur le très long terme — en l’occurrence sur vingt ans. On peut ainsi facilement juger de son bilan, et noter qu’entre 2004 à 2024, son chiffre d’affaires a cru de €1.1 milliard à €3.5 milliards, soit un taux de croissance annualisé de 6%.
Le profit d’exploitation, lui, a quintuplé de €86 millions à €434 millions sur la période, soit un taux de croissance annualisé de 8.4%. Notons que ce gain de €348 millions avant intérêts et impôts a été obtenu en engageant €1.3 milliard d’investissements dans les immobilisations, et €0.6 milliard en acquisitions : les retours sur investissement sont donc à deux chiffres, et la création de valeur aussi réelle qu’admirable.
Véritable aristocrate du dividende, le groupe a également augmenté sa distribution de manière ininterrompue entre 2004 et 2024, de €0.1 à €1.17, soit un taux de croissance annualisé de 13%. Sans surprise, il poursuivait en 2024 sa stratégie de consolidation du secteur en rachetant son compatriote Lubcon et le suisse Strub & Co.