A défaut de trouver un partenaire pour riposter à l’offre de Vivendi, Gameloft joue aujourd’hui son va-tout en présentant son nouveau plan stratégique. En Bourse, l’action de l’éditeur de jeux vidéo pour téléphones mobiles et tablettes gagne 0,96% à 7,38 euros, dépassant le prix de 7,20 euros proposé par le groupe de médias mais restant sous son plus haut 2016 touché début mars à 7,60 euros. Les investisseurs font preuve d’une certaine prudence quant à la possibilité d’une surenchère.

Dans ses bureaux londoniens où il présentait son plan, Gameloft a indiqué viser un chiffre d'affaires supérieur à 350 millions d'euros à l'horizon 2018, ce qui représente une croissance annuelle moyenne de 11%. Même si cet objectif est supérieur aux anticipations des analystes, qui visaient environ 325 millions d'euros, ils estiment qu'il pourra être atteint.

La croissance des ventes devrait être principalement tirée par la publicité qui devrait représenter 30% du chiffre d'affaires total, soit environ 100 millions d'euros. Les revenus publicitaires ont atteint seulement 5 millions d'euros en 2015, première année au cours de laquelle le groupe a commencé à monétiser l'audience de ses jeux en y intégrant de la publicité. Au quatrième trimestre, 147 millions de personnes ont ainsi joué au moins une fois par mois à un jeu de Gameloft.

La montée en puissance de la publicité sur les trois prochaines années et les 35 millions d'euros d'économies brutes réalisées ces deux dernières années devraient permettre à l'éditeur de jeux vidéo d'atteindre un résultat opérationnel courant de 65 millions (contre 2 millions en 2015), soit une marge opérationnelle courante supérieure à 18,6%. Elle est bien supérieure aux 7% réalisés depuis 2003.

Un objectif jugé trop ambitieux par Kepler Cheuvreux et CM-CIC Securities, ce dernier prévoyant 39 millions d'euros en 2018. Le premier fait remarquer que ses concurrents américains Zynga et Glu Mobile ont enregistré une marge de respectivement -1,6% et 5,6% en 2015. Il explique par ailleurs que les prix de la publicité mobile reculent et que le marché des jeux sur mobile est très concurrentiel.

Mettant également en avant cette forte concurrence et le pari que représente le développement des revenus publicitaires, Oddo juge trop limitée la visibilité sur l'activité du groupe pour adhérer à la feuille de route des dirigeants.