(Reuters) - La forte hausse des coûts de financement sur les marchés obligataires mondiaux depuis un mois pourrait modifier en profondeur les perspectives d'évolution des marchés financiers, estime la Banque des règlements internationaux (BRI).

Dans le nouveau rapport trimestriel de l'institution, Claudio Borio, directeur de son Département monétaire et économique, écrit que "les récentes secousses sur les marchés confirment que la remontée des rendements obligataires et le thème d'investissement de la reflation éclairent d'un jour complètement nouveau les perspectives des marchés financiers".

"On considérait que les taux seraient bas aussi longtemps qu'il était possible de faire des prévisions mais désormais, on commence à douter de la durée de ce statu quo", ajoute-t-il.

Plusieurs économistes établissent des parallèles entre la situation actuelle et celle du "taper tantrum" de 2013, lorsque les rendements obligataires avaient fortement augmenté en réaction aux déclarations de Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale américaine d'alors, sur la possibilité que la Fed ralentisse ses achats de titres sur les marchés.

Pour Claudio Borio, l'évolution de la situation dépendra en premier lieu de celle de la croissance mondiale, puis de la réponse des grandes banques centrales à l'augmentation des coûts de financement.

Jerome Powell, le président actuel de la Fed, a réaffirmé la semaine dernière que celle-ci était encore loin de resserrer sa politique monétaire et son homologue de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, tient régulièrement un discours similaire.

Les banques centrales "vont devoir déterminer quelles seront les implications de (la hausse des rendements) sur leurs objectifs et s'adapter en fonction de cela", estime Claudio Borio à propos des objectifs qu'elles se fixent en matière d'inflation notamment.

Il juge par ailleurs que les turbulences observées sur les marchés financiers mondiaux depuis le début de l'année avec l'envolée de valeurs comme GameStop reflètent un mouvement typique d'irruption des investisseurs individuels sur les marchés en période d'euphorie.

"Quand un chauffeur de taxi commence à parler de ce qui est en train de se passer sur les marchés boursiers, cela veut dire que quelque chose d'important est en train de se dérouler", résume-t-il dans le rapport.

(Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)

par Marc Jones