Moscou (awp/afp) - La Banque centrale russe a volé au secours des marchés financiers lundi en annonçant la suspension de l'achat de devises étrangères, après une importante chute des indices boursiers et du cours du rouble, sur fond de vives tensions avec l'Ukraine.

"La Banque de Russie a décidé de ne pas acheter de devises étrangères sur le marché intérieur (...) à partir de 15H00, heure de Moscou" (12H00 GMT), a indiqué cette dernière dans un communiqué.

Se voulant rassurante, elle a affirmé disposer de "suffisamment d'outils pour prévenir les menaces à la stabilité financière".

Les craintes d'une invasion russe de l'Ukraine et de nouvelles sanctions contre Moscou ont pesé lourd sur les marchés russes lundi.

Dans le sillage de la baisse entamée il y a deux semaines, l'indice principal de la Bourse de Moscou, le RTS (libellé en dollars), a plongé jusqu'à -9% à la mi-journée, et de près de -20% depuis le début de l'année. L'indice Moex (en roubles) a lui chuté jusqu'à -7%, et de -15% depuis le début de l'année.

Les principaux perdants sont le groupe de tech russe VK (anciennement Mail.ru) qui dispose notamment du réseau social VKontakte, la holding AFK Sistema, la compagnie aérienne Aeroflot et le géant gazier Gazprom, et ce malgré des prix du gaz très élevés et qui continuent de grimper.

La devise russe a par ailleurs dévissé au cours de la matinée et s'est brièvement échangée à 79,4 roubles pour un dollar, avant de refluer à 79 roubles le dollar à 12H30 GMT, une première depuis l'automne 2020.

Face à l'euro, le taux de change a frôlé les 90 roubles pour un euro, avant de se stabiliser à 89,5 roubles.

Depuis début janvier, le rouble a perdu environ 7% face au dollar et 6% face à l'euro, les devises américaine et européenne s'échangeant fin 2021 encore à environ 74 et 84 roubles respectivement.

Les indices boursiers et le marché des changes sont plombés par l'incertitude autour d'une possible guerre, les Occidentaux accusant la Russie de préparer une invasion de l'Ukraine et menaçant Moscou de sanctions particulièrement douloureuses.

Signe de l'inquiétude, le rouble et la Bourse souffrent alors même que le prix de pétrole est élevé, autour de 85 dollars le baril, ce qui donne habituellement le cap pour la monnaie et les actions russes.

Selon des experts de Renaissance Capital, le rouble pourrait chuter de 20% face au dollar en cas d'escalade militaire.

Depuis 2014 et l'imposition des première sanctions occidentales, la Russie s'est efforcée de bâtir une "forteresse" financière afin de s'immuniser contre les influences extérieures, en partie avec succès.

Reste que la dévaluation du rouble pèse lourd pour une population aux revenus déjà grignotés par une forte inflation.

D'intenses discussions diplomatiques sont en cours depuis deux semaines entre Russes et Américains, ces derniers devant désormais formuler une réponse écrite à Moscou concernant ses exigences pour sa sécurité. Parmi celles-ci figurent le rejet d'une adhésion de l'Ukraine à l'Otan, la fin de l'élargissement de l'Alliance et de ses déploiements militaires en Europe de l'Est.

afp/al