Prysmian, qui fournit des câbles pour les secteurs de l'énergie et des télécoms, a souligné lundi que cette acquisition allait renforcer sa position de numéro un mondial et accroître son exposition à l'Amérique du Nord, un objectif qu'il poursuivait depuis des mois.

"Quatre groupes étaient en concurrence pour cette acquisition, dont le chinois (...) Cela n'a pas été un week-end facile mais il est réussi", a déclaré l'administrateur délégué de l'entreprise italienne, Valerio Battista, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes.

Valerio Battista et le directeur financier Pier Francesco Facchini s'exprimaient de New York, où ils ont négocié tout le week-end pour écarter les offres concurrentes de Nexans, du danois NKT et du chinois Hengtong Optic-Electric, ont dit des sources.

Prysmian a considéré que General Cable offrait une occasion à ne pas rater afin de se développer en Amérique du Nord, où il réalise pour l'instant 15% de son chiffre d'affaires.

Le groupe italien va débourser 30 dollars par action General Cable, ce qui représente une prime de 38% par rapport au cours de clôture de vendredi. La prime est même supérieure à 80% si l'on prend pour référence le cours de l'action General Cable en juillet, lorsque le groupe américain, spécialisé dans les câbles en aluminium, en cuivre et de fibre optique, a annoncé le lancement d'un examen stratégique pour identifier d'éventuels partenaires de fusion.

Au total, le montant de l'opération s'élève à trois milliards de dollars en incluant la dette et d'autres engagements financiers.

PROMESSES DE SYNERGIES

Le titre Prysmian cédait 2,21% en milieu de séance à la Bourse de Milan, malgré les promesses de synergies formulées par les dirigeants du groupe. De son côté, l'action General Cable s'alignait quasiment sur l'offre de Prysmian dans les échanges avant l'ouverture à Wall Street, s'adjugeant 36,2% à 29,7 dollars.

Prysmian s'attend à ce que ce rachat permette des économies d'environ 150 millions d'euros d'ici cinq ans, essentiellement dans les achats, les frais généraux et les processus de fabrication. D'autres synergies devraient être rendues possibles, notamment via une réduction du coût de financement de la dette de General Cable et une utilisation plus efficace du fonds de roulement.

Les charges exceptionnelles d'intégration sont estimées à environ 220 millions d'euros.

"Si le prix pour General Cable peut surprendre le marché, le potentiel de synergies identifié par Prysmian est important et probablement plus élevé que prévu", écrit Lucie Carrier, analyste chez Morgan Stanley, dans une note.

Cette acquisition sera financée par émission de nouvelle dette, par la trésorerie disponible et par des lignes de crédit existantes.

Prysmian va lancer une augmentation de capital d'un montant maximum de 500 millions d'euros pour se donner les moyens d'éventuelles acquisitions supplémentaires, sur lesquelles il n'a fourni aucun détail.

La future entité fusionnée devrait réaliser environ un tiers de son chiffre d'affaires en Amérique du Nord et 54% en Europe, a dit Valerio Battista.

Ce rachat devrait être relutif de 10 à 12% pour le bénéfice par action dès la première année.

L'opération, dont la finalisation est attendue au troisième trimestre 2018, va créer un groupe avec un chiffre d'affaires cumulé de plus de 11 milliards d'euros et un bénéfice brut ajusté (Ebitda) d'environ 930 millions d'euros, ont dit les deux entreprises dans un communiqué conjoint.

(Bertrand Boucey pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Francesca Landini et Agnieszka Flak

Valeurs citées dans l'article : Nexans, General Cable Corporation, Prysmian, NKT A/S