par Madeline Chambers et Gilles Castonguay

Sergio Marchionne a rencontré des dirigeants allemands lundi à Berlin pour présenter un projet ambitieux associant la branche automobile de Fiat, les activités de General Motors en Europe et Chrysler, avec lequel il a conclu une alliance la semaine dernière.

"C'est une approche intéressante, cela ne fait aucun doute", a dit le ministre de l'Economie Karl-Theodor zu Guttenberg à la presse après avoir rencontré Marchionne.

Il a précisé que le gouvernement allemand, soucieux de préserver des emplois dans la perspective des élections fédérales de septembre, allait examiner son plan en détails et également étudier d'autres options.

Dans le plan de Marchionne, toutes les usines d'assemblage d'Opel en Allemagne seraient conservées mais l'usine de pièces détachées de Kaiserslautern, dans l'ouest du pays, pourrait être affectée, a précisé le ministre.

INQUIÉTUDES SUR L'EMPLOI

Opel emploie environ 25.000 personnes en Allemagne et possède également des usines en Espagne, en Belgique et en Grande-Bretagne.

Guttenberg a également précisé que Fiat n'avait pas l'intention de recourir à de nouveaux emprunts mais son projet nécessitera entre cinq à sept milliards d'euros de prêts-relais et le constructeur souhaiterait obtenir des garanties des Etats européens. Opel avait précédemment fait savoir qu'il avait besoin de 3,3 milliards de garanties publiques.

La chancelière allemande Angela Merkel n'a pas fermé la porte à une aide publique mais elle a précisé que la décision de son gouvernement dépendrait de la faisabilité du plan présenté par Opel et de son alliance avec un partenaire.

Si le projet de Marchionne se concrétise, le nouveau groupe qui sera coté en Bourse deviendra le numéro deux mondial avec un chiffre d'affaires de 80 milliards d'euros et 6 à 7 millions de véhicules vendus par an.

Des analystes soulignent toutefois que les suppressions de postes pourraient constituer un obstacle à la signature d'un accord.

"Le plus grand obstacle que nous voyons c'est le coût social", dit Michael Tyndall de Nomura International. "Je ne suis pas certain que les gouvernements italien ou allemand soient friands des suppressions d'emplois qu'une fusion impliquerait".

Le dirigeant syndical Klaus Franz s'est également montré réservé.

"Nous ne serons pas hostiles à qui que ce soit mais nous allons mener une analyse très approfondie des risques", a-t-il dit à la presse à l'usine d'Opel à Eisenach.

Guttenberg a précisé que GM à Detroit avait son mot à dire sur le projet présenté par Marchionne et ajouté que le gouvernement allemand étudiait par ailleurs d'autres options.

L'équipementier austro-canadien Magna International a exprimé un intérêt pour Opel et il y a plusieurs autres investisseurs potentiels sur les rangs, dont des fonds souverains.

Avec Christiaan Hetzner, Brian Rohan, Avril Ormsby à Londres et Claudia Cristoferi à Milan, version française Stanislas Dembinski et Gwénaëlle Barzic