New York (awp/afp) - Le vénérable constructeur américain General Motors (GM) a noué un accord avec le nouveau fabricant de camions électriques et à hydrogène Nikola, en acceptant de l'aider à produire son pick-up Badger en échange d'une participation de 11% dans la start-up.

Cette initiative a été bien accueillie à Wall Street où l'action de Nikola s'est envolée de 41% tandis que celle de GM a pris près de 8%.

Selon les termes du partenariat annoncé mardi, GM va recevoir l'équivalent de deux milliards de dollars de nouvelles actions de Nikola ainsi que le droit de nommer un membre à son conseil d'administration.

En échange, le géant de Détroit développera le Badger de Nikola, aussi bien la version électrique que celle à hydrogène, et lui vendra des batteries électriques Ultium et piles à combustible Hydrotec pour ses camions.

GM suit ainsi les traces de Ford, qui avait investi 500 millions de dollars en 2019 dans la start-up Rivian pour profiter de son expertise sur le marché des véhicules électriques.

Il s'agit de son deuxième partenariat d'envergure sur ce secteur, après une alliance avec le constructeur japonais Honda amorcée en avril et renforcée début septembre.

GM a dépensé "des milliards de dollars" pour concevoir ses batteries électriques et piles à combustible et choisit de collaborer avec Nikola pour continuer à travailler dessus "plutôt que de s'asseoir sur ces actifs et d'essayer de les développer uniquement en interne", s'est félicité Trevor Milton, le fondateur de Nikola, lors d'une conférence téléphonique.

Grâce à cet accord, son groupe "gagne un accès immédiat à des décennies de connaissance en termes d'approvisionnement et de fabrication de technologies de propulsion pour les véhicules électriques, testées et prêtes à être utilisées, une ingénierie de première classe et la confiance des investisseurs", a-t-il aussi remarqué dans un communiqué.

Plus grande échelle

Pour General Motors, l'accord est une façon d'abaisser le coût des nouvelles technologies de propulsion "en construisant à plus grande échelle", a commenté de son côté Mary Barra, la patronne du groupe.

Elle n'écarte pas l'idée de vendre ses batteries électriques et piles à combustibles à d'autres constructeurs fabriquant des véhicules de grande taille.

Cette stratégie est logique, estime Jessica Caldwell, spécialiste du secteur automobile chez Edmunds.

Entre l'alliance avec Honda, plus spécialisée dans les petites voitures, et celle avec Nikola, GM "cherche à couvrir la plus grande part possible du marché", remarque-t-elle auprès de l'AFP.

Elle s'attend à voir plus de partenariats du même genre dans les années à venir "dans la mesure où les fabricants et fournisseurs cherchent à abaisser les coûts" des véhicules électriques, encore vendus à un prix supérieur aux voitures alimentées par du carburant.

GM veut passer à la vitesse supérieure sur ce créneau et a pour objectif de développer 20 modèles de véhicules tout électrique d'ici 2023.

Le constructeur a développé à cette fin la batterie Ultium, dévoilée en mars.

Ces initiatives sont censées aider GM, premier grand groupe automobile à produire un véhicule électrique dans les années 1990, à rattraper son retard sur Tesla, le géant actuel des voitures électriques haut de gamme.

Fondée en 2015 et basée à Phoenix (Arizona, sud-ouest), Nikola profite pour sa part d'un réel engouement des investisseurs depuis son entrée en Bourse en juin.

Le fabricant, qui ne commercialise pour l'heure aucun véhicule, n'envisage pas de dégager le moindre profit avant 2021.

Mais certains spécialistes sont déjà tentés de dresser un parallèle avec Tesla, qui, malgré un léger revers mardi à Wall Street, y a connu une progression fulgurante ces derniers mois.

Signe de l'attrait des courtiers pour le secteur des véhicules électriques, la valeur de Nikola est même temporairement passée au-dessus de celle de Ford en juin avant de perdre du terrain.

Son fondateur, Trevor Milton, a profité de cette envolée pour faire son entrée mardi dans le classement Forbes des 400 Américains les plus riches.

Pour Garrett Nelson, spécialiste du secteur automobile pour la société CFRA, le partenariat apporte en tout cas à Nikola "plus de légitimité" malgré son absence totale de revenus pour l'instant ou le fait qu'il ne produise encore aucun véhicule.

Au vu de la trésorerie solide de GM, il n'est pas impossible que cet accord soit "le prélude à une acquisition pure et simple de Nikola", a avancé de son côté Nick Shields, analyste chez Third Bridge.

afp/rp