Le monde des gestionnaires d’actifs est de plus en plus difficile à naviguer. Les investisseurs exigent des frais réduits, les outils numériques se développent rapidement et les mastodontes américains dominent le marché mondial. Cette pression pousse les acteurs européens à rechercher des partenariats pour réduire leurs coûts opérationnels et augmenter leurs volumes.

Unir les forces pour créer un leader européen

BPCE, via sa filiale Natixis Investment Managers, et Generali ont décidé de s’associer pour former une nouvelle entité. Selon les deux entreprises, cette coentreprise représentera 1 900 milliards d’euros d’actifs sous gestion (Blackrock leader américain est à 11 500 milliards), avec une valorisation initiale estimée à 9,5 milliards d’euros. 

Natixis IM apportera environ 1 300 milliards d’euros d’actifs sous gestion, tandis que Generali contribuera à hauteur de 630 milliards d’euros. L’assureur italien a également promis d’investir 15 milliards d’euros en capitaux d’amorçage dans la nouvelle entité au cours des cinq premières années. Les deux groupes prévoient de générer 200 millions d’euros de bénéfices durant cette période.

Dans cette configuration, la coentreprise deviendrait ainsi le deuxième acteur en Europe en termes d’encours, derrière Amundi, mais se placerait en tête en termes de revenus, avec un chiffre d’affaires de 4,1 milliards d’euros.

Nicolas Namias, directeur général de BPCE, sera président du conseil d’administration de la coentreprise basée à Amsterdam. Philippe Donnet, PDG de Generali, en sera le vice-président, tandis que Woody Bradford, responsable des activités de gestion d’actifs de Generali, occupera le poste de directeur général.

Des obstacles réglementaires à surmonter

Malgré cet accord prometteur, des défis réglementaires pourraient freiner sa mise en œuvre. En Italie, le gouvernement pourrait poser problème, car il souhaite que l’épargne nationale continue à soutenir le refinancement de la dette publique. Grâce à la législation du "golden power", Rome peut exercer un contrôle sur les entreprises considérées comme stratégiques pour le pays, et cette coentreprise pourrait être concernée.

Si tout se passe comme prévu, cette entité commune devrait voir le jour début 2026, sous réserve de l’approbation des autorités de régulation. Cette union représente une tentative ambitieuse de renforcer la compétitivité européenne face aux géants américains tout en naviguant dans un environnement économique et politique complexe.