Le directeur général de Generali, Philippe Donnet, doit se soumettre jeudi à un vote des actionnaires pour rester en fonction pendant trois ans, après avoir conclu un accord historique dans le domaine de la gestion d'actifs qui a irrité à la fois un investisseur majeur et le gouvernement italien.

Ce vote est le dernier épisode en date de la lutte qui oppose le principal actionnaire de Generali, Mediobanca, qui détient 13 % du capital, aux deuxième et troisième actionnaires, qui détiennent ensemble 17 % de l'assureur et 27 % de Mediobanca.

Il s'agit de Delfin, la holding du défunt milliardaire Leonardo Del Vecchio, fondateur de Ray-Ban, et du magnat de la construction Francesco Gaetano Caltagirone.

LES BATAILLES POUR LE CONTRÔLE DE L'ITALIE

Le dernier conflit entre actionnaires de Generali, quatrième assureur européen, survient dans un contexte de consolidation du secteur financier italien et a des implications pour d'autres batailles de rachat actuellement en cours. Dans une démarche considérée comme favorable à son offre de rachat de Banco BPM, UniCredit devrait se rallier jeudi à Caltagirone, après avoir acquis une participation de 6,7 % dans Generali. Caltagirone est proche de la Première ministre conservatrice Giorgia Meloni, dont le gouvernement a mis des bâtons dans les roues d'UniCredit avec une série de conditions imposées à son offre sur BPM.

Donnet, 64 ans, dirige le plus grand assureur italien depuis 2016 et a été proposé pour un quatrième mandat par Mediobanca. Après avoir tenté en vain de l'évincer il y a trois ans, Caltagirone a présenté six candidats pour le nouveau conseil d'administration de Generali.

Dans une interview accordée dimanche à un journal, M. Caltagirone, 81 ans, a déclaré qu'il n'avait pas d'autre PDG à proposer, mais qu'il pourrait obtenir suffisamment de sièges au conseil d'administration pour bloquer cette « malheureuse » opération de gestion d'actifs. En janvier, Generali a signé un accord non contraignant avec la banque française BPCE pour fusionner leurs divisions de gestion d'actifs, Generali Investment Holding (GIH) et Natixis Investment Managers, afin de créer le plus grand gestionnaire d'actifs d'Europe en termes de chiffre d'affaires. Face aux critiques croissantes concernant cet accord qui doit être approuvé par le gouvernement, M. Donnet a déclaré que le nouveau conseil d'administration ne ferait pas abstraction de l'opposition de Rome si celle-ci persistait. Mediobanca, qui bénéficie du soutien d'investisseurs institutionnels, devrait nommer neuf membres du conseil d'administration de Generali, qui en compte 13.

Au 10 avril, les investisseurs institutionnels détenaient environ 32 % de Generali, les investisseurs particuliers près d'un cinquième. Les actionnaires représentant 68,7 % du capital de Generali étaient représentés à l'assemblée de jeudi. Caltagirone pourrait nommer trois ou quatre administrateurs, selon qu'un groupe de gestionnaires de fonds détenant ensemble 0,7 % de Generali décrochera ou non un siège. Outre UniCredit et Delfin, Caltagirone peut compter sur le soutien de la fondation bancaire CRT, tandis que la famille italienne Benetton s'abstient.

L'accord avec Natixis a alarmé le gouvernement Meloni, craignant qu'il ne détourne l'épargne des Italiens de la dette publique colossale du pays.

Renforçant ses liens avec le gouvernement, Caltagirone est devenu en novembre actionnaire de la banque renflouée Banca Monte dei Paschi (MPS), aux côtés de Delfin, lorsque le gouvernement a vendu une participation. Ayant depuis acquis une participation combinée de près de 20 % dans la banque toscane, Delfin et Caltagirone ont aidé MPS la semaine dernière à décrocher un large soutien des actionnaires pour une offre hostile de rachat de Mediobanca.

Cette offre est considérée comme la prochaine étape décisive dans le conflit qui oppose depuis longtemps Mediobanca et Delfin-Caltagirone.