La décision de Mediobanca de reporter le vote des actionnaires sur l'offre concernant Banca Generali, initialement prévu aujourd'hui, a permis à Piazzetta Cuccia d'éviter le risque d'une défaite, les actionnaires opposés à l'accord ayant renforcé leurs participations ces dernières semaines.

C'est ce qu'ont affirmé quatre sources proches du dossier.

Hier, Mediobanca a annoncé le report au 25 septembre de l'assemblée ordinaire qui devait se tenir aujourd'hui.

Piazzetta Cuccia avait dévoilé sa proposition d'acquisition de Banca Generali en avril, dans le but de contrer une offre publique d'échange de Banca Mps, soutenue par le gouvernement.

Mps devrait officiellement lancer son offre hostile, l'une des nombreuses opérations annoncées dans le secteur bancaire italien qui pourraient profondément remodeler le paysage, en juillet. L'opération a été dévoilée en janvier, mais l'obtention de toutes les autorisations nécessaires prendra plusieurs mois.

Si l'offre de Mps aboutissait, cela remettrait en cause la capacité de Mediobanca à mener à bien l'opération sur Banca Generali.

Le directeur général de Mediobanca, Alberto Nagel, a décrit l'opération Banca Generali comme une alternative à celle de Mps, espérant également que Piazzetta Cuccia devienne une cible trop importante pour Sienne.

Les actionnaires opposés à l'offre sur Banca Generali ont accumulé, au cours du dernier mois, une part combinée de 11%, selon l'une des sources.

Cela rendait probable que le vote d'aujourd'hui tourne à l'avantage des opposants à Nagel et a poussé le conseil d'administration à décider le report de l'assemblée, selon les sources ayant requis l'anonymat.

Selon une cinquième source, le vote risquait d'enregistrer environ 40% du capital entre abstentionnistes et opposants.

ENQUÊTE JUDICIAIRE

Le camp des opposants est mené par Francesco Gaetano Caltagirone, qui a récemment augmenté sa participation dans Mediobanca à environ 10% contre 7% auparavant, et bénéficie du soutien du directeur général d'UniCredit, Andrea Orcel.

UniCredit, qui fait face à l'opposition du gouvernement concernant l'opération lancée sur Banco Bpm, détient 1,9% de Mediobanca dans le cadre de ses activités de trading sur actions. En s'abstenant, elle aurait de toute façon renforcé le camp du non.

Nagel fait depuis longtemps l'objet de critiques de la part de Caltagirone et de Delfin, la holding des héritiers de Leonardo Del Vecchio dirigée par Francesco Milleri, qui sont devenus actionnaires de Mps lors du dernier placement d'une part par le Trésor.

Ce placement fait l'objet d'une enquête du parquet de Milan.

Selon les sources, le report de l'assemblée permet ainsi à Mediobanca de gagner du temps en attendant de voir l'évolution de l'enquête.

Si Milleri a salué les efforts de Nagel pour transformer Mediobanca, Caltagirone a, quant à lui, rejeté sans appel l'opération Banca Generali, déclarant n'y voir aucune valeur.

Milleri et Caltagirone sont également d'importants actionnaires de Generali, actionnaire de contrôle de Banca Generali.

Mediobanca entend utiliser sa participation de 13% dans Generali comme monnaie d'échange pour Banca Generali, rompant ainsi les liens historiques avec Trieste et répondant à une critique formulée par Delfin et Caltagirone concernant l'influence jugée excessive de Piazzetta Cuccia sur la compagnie triestine.

Le dernier terrain d'affrontement a été l'assemblée de Generali en avril, lors du renouvellement du conseil d'administration, qui a vu la liste de Mediobanca largement l'emporter, bien qu'UniCredit ait voté avec ses 6,5% en faveur de la liste de Caltagirone.

(édition Stefano Bernabei)