Dans ces temps incertains, l’éditeur de logiciels Generix, déjà apprécié des meilleurs gérants de la place avant la crise, profite de la forte résilience de son activité. Ce jeudi, alors qu’il publiait ses résultats annuels, le titre surnageait dans un marché en fort repli, non loin de ses plus hauts historiques. Entretien avec son président, fondateur du groupe il y a trente ans.

Jean-Charles Deconninck, pouvez-vous nous rappeler le positionnement concurrentiel du groupe dans la gestion de la chaîne logistique ?

"Generix Group a une position d’expert de la gestion dématérialisée de l’intégralité de la Supply Chain. Nous sommes présents, à travers nos filiales et nos partenaires, dans plus de 60 pays et réalisons 81 M€ de CA dont 42% à l’international. Nos 550 collaborateurs accompagnent au quotidien 6000 clients ETI et grands groupes comme Carrefour, Danone, FM Logistic, Fnac-Darty, Essilor, Ferrero ou encore Geodis dans la transformation digitale de leur chaîne logistique, jusqu’au règlement dématérialisé des factures.  

Notre offre s’appuie sur une plateforme collaborative, Generix Supply Chain Hub, qui combine des capacités d’exécution des flux physiques, de dématérialisation des flux d’informations, de gestion collaborative des processus et de connexion des entreprises à l’ensemble de leurs partenaires, en temps réel. La solution s’adresse à tous les acteurs de la Supply Chain : industriels, prestataires logistiques (3PL/4PL) et distributeurs. Notre marché est porté par l’accroissement et la complexification des flux, la digitalisation et transformation numérique. Nous nous différencions des grands fournisseurs d’ERP et des spécialistes de l’exécution de la Supply Chain par notre modèle Saas & plateforme unique sur toute la chaine de valeur. Notre obsession de la qualité du service rendu nous pousse à investir lourdement en R&D (12,7% du CA en 2019) et cela paie puisque notre part de marché, d’au moins 20% en France, progresse continuellement, avec une reconnaissance croissante à l’international puisque nous sommes pour la 2e année consécutive dans le Magic Quadrant du Gartner."

Source : la société

Quel regard portez-vous sur l’exercice qui vient de s’achever ?

"L’exercice annuel clos au 31 mars est très satisfaisant, avec une croissance de 6% dont 14% pour nos ventes SaaS (ndlr : facturation sous forme d’abonnement permettant l’utilisation des logiciels Generix). La crise sanitaire ne nous a impactés que sur le dernier mois, même s’il s’agit d’un mois intense historiquement. Generix a capitalisé sur sa forte notoriété auprès de clients existants qui adoptent des modules complémentaires. La hausse de 7,4% de notre indicateur CMMR (ndlr : revenu récurrent mensuel après prise en compte des contrats signés non encore démarrés et des résiliations non encore effectives) en témoigne. A l’international, nos ventes ont progressé de +14%, conformément à nos attentes, avec un remarquable +60% en Russie.

Concernant notre profitabilité, l’effet de levier de la croissance sur le résultat continue d’opérer, l’international, mieux margé, donne un coup de pouce, et enfin notre centre de services partagés européen créé en 2018 nous permet de grignoter quelques points de marge.

A noter que nous avons passé un nouveau cap dans la structuration opérationnelle de l’entreprise avec la création d’un poste de Chief Technical Officer pour toutes les fonctions techniques et technologiques et le déploiement de nouveaux produits en SaaS et d’un poste de Chief Sales Officer pour accélérer le développement de toutes les ventes du groupe Generix. Ces deux nouveaux talents renforcent le Comité de Direction du Groupe."

 Quels sont les impacts de la crise que nous traversons pour Generix ?

"En interne, nous sommes tous passés en télétravail la veille du confinement en France et y sommes restés, avec un maintien d’un niveau de service optimal pour les clients. Avec un chiffre d’affaires Saas et maintenance s’élevant à 64%, auquel on peut ajouter la partie récurrente non contractuelle de l’activité de services, notre CA récurrent dépasse les 80%. Cela permet d’amortir les chocs conjoncturels et de se projeter dans l’avenir. Les premières semaines de confinement ont vu émerger des besoins de flux et de stockages supplémentaires que nous avons pu offrir rapidement, la souplesse de notre modèle SaaS aidant. Bien que nous soyons capables de démarrer de nouveaux contrats à distance, certains clients se sont montrés attentistes, préférant décaler des signatures. Nous avons connu certains surcoûts et en même temps, par prudence, nous avons réduit certaines charges variables, comme les frais de marketing et communication et les frais de déplacement, au cas où la crise se prolongerait. Notre bilan est solide, nous avons renouvelé sans difficulté des lignes de crédit bancaire et mené des mesures de préservation de la trésorerie, avec un taux de défaut client plutôt inférieur à ce que nous constations dans le passé."

Comment envisagez-vous la fin de l’exercice et la sortie de crise ? A quel type de profitabilité pouvez-vous prétendre ?

"Globalement, après un 1er semestre perturbé, nous tablons sur un rattrapage sur le 2e semestre grâce à un redémarrage progressif au 1er septembre. Nous attendons donc un chiffre d’affaires 2020/21 proche de celui de 2019/2020. Il est un peu tôt pour donner une indication en matière de profitabilité dans ce contexte. Nos efforts en termes d’innovations ne seront pas forcément compensés par la réduction de certaines charges variables dont l’effet sera étalé dans le temps. Au-delà de l’exercice en cours, notre profitabilité doit pouvoir encore grimper. Il y a trois ans quand nous avons initié un virage vers le Saas, nous partions de 4,5% d’Ebitda pour viser potentiellement 20% à terme. Avec 17% en 2019, nous en prenons le chemin. Ne rêvons pas trop cependant. Contrairement à ce que l’on peut observer chez des acteurs du CRM, nos systèmes sont critiques, ils ne peuvent jamais s’arrêter. Cela nécessite des moyens humains et technologiques permanents qui engendrent des coûts directs conséquents. Notre marge opérationnelle se situe donc surtout dans notre capacité à industrialiser les process et à diversifier notre présence chez nos clients, ce que la crise actuelle pourrait accélérer. Cette crise fait en effet ressentir à nos clients un besoin accru de dématérialisation et de sécurisation de la supply-chain et pas seulement dans l’alimentaire. En sortie de crise, notre modèle de facturation SaaS peu consommateur de trésorerie pour nos clients et notre R&D renforcée (robotisation, automatisation, réalité augmentée, IOT) devraient faire la différence sur le marché. Notre offre de dématérialisation des factures devrait en profiter..."

Avez-vous des projets de croissance externe ?

"Notre priorité va à la croissance organique, à la conquête géographique avec une consolidation de nos positions en Europe et à une poursuite de notre conquête de l’Amérique du Nord où nous réalisons 11% de notre CA. L’Asie, où nous accompagnons nos clients, est également prometteuse. Cela ne nous empêchera pas d’être actifs dans la consolidation du secteur en Europe quand elle aura lieu."

Source : la société