Désormais, elle opère sur trois segments principaux. D'abord, les systèmes médicaux destinés aux salles d'opération et aux soins intensifs représentent 54% du chiffre d'affaires 2022 et couvrent les respirateurs, les moniteurs de surveillance ou les systèmes d'assistance cardiaque. La seconde division, qui compte pour 32% du chiffre d'affaires, concerne les flux de travail en chirurgie, comme les tables d'opération et les stérilisateurs d'instruments. Enfin, la branche sciences de la vie (13% des revenus) propose des solutions stériles et de désinfection pour les laboratoires et la recherche médicale.

Une recentrage réussi

Getinge sort d'un effort de restructuration laborieux mais plutôt réussi, qui visait à se concentrer sur ses métiers les plus prometteurs, c’est-à-dire les plus dynamiques et les plus rentables. Le reste du portefeuille a été scindé et placé en bourse sous bannière Arjo. Ce recentrage a coïncidé, fortuitement, avec l'explosion des besoins en équipements médicaux provoquée par la pandémie. Les acteurs possédant un tant soit peu de savoir-faire dans le domaine du matériel médical évolué se sont retrouvés dans une forme d'économie de guerre, avec des commandes urgentes passées à n'importe quel prix, au sens propre, par les autorités. Cette situation a bien sûr dopé les ventes et les bénéfices.

Comme les autres fournisseurs de matériel médical, Getinge est monté au zénith en bourse tant que le monde avait peur de la pandémie. Avant de chuter en 2022, lorsque le covid-19 a rétrogradé dans le classement des préoccupations. Au crédit de l'entreprise suédoise, il faut malgré tout inscrire une assez bonne gestion du pic d'activité et du retour à un rythme plus conforme aux standards de l'industrie. D'autres acteurs sont montés très haut avant de connaître un sérieux trou d'air. Le chiffre d'affaires de Getinge devrait ainsi revenir dès cette année sur les niveaux du record inscrit en 2020 (environ 29,9 milliards de couronnes suédoises, soit quelque 2,6 milliards d'euros). Quant à la marge d'exploitation, elle est toujours inférieure à celle de 2020 (18,3%), mais elle est durablement plus élevée qu'avant la pandémie. Elle devrait passer de 14,5% en 2022 à 16,7% en 2025, si les anticipations des analystes se confirment.

Période Fiscale : Décembre 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 2026
Chiffre d'affaires 1 26 559 29 819 27 049 28 292 31 827 34 116 35 782 37 474
EBITDA 1 4 986 7 487 6 754 5 891 5 574 6 500 7 312 7 974
Résultat d'exploitation (EBIT) 1 2 813 5 261 4 939 4 096 3 653 4 410 5 061 5 642
Marge d'exploitation 10,59 % 17,64 % 18,26 % 14,48 % 11,48 % 12,93 % 14,14 % 15,06 %
Résultat Avt. Impôt (EBT) 1 1 909 4 485 4 188 3 472 3 343 3 951 4 604 5 233
Résultat net 1 1 222 3 239 2 970 2 491 2 412 2 856 3 299 3 749
Marge nette 4,6 % 10,86 % 10,98 % 8,8 % 7,58 % 8,37 % 9,22 % 10,01 %
BNA 2 4,480 11,89 10,90 9,150 8,860 10,36 12,06 13,71
Free Cash Flow 1 2 612 6 154 5 630 1 897 1 604 3 255 3 720 4 195
Marge FCF 9,83 % 20,64 % 20,81 % 6,71 % 5,04 % 9,54 % 10,4 % 11,2 %
FCF Conversion (EBITDA) 52,39 % 82,2 % 83,36 % 32,2 % 28,78 % 50,07 % 50,87 % 52,61 %
FCF Conversion (Résultat net) 213,75 % 190 % 189,56 % 76,15 % 66,5 % 113,96 % 112,75 % 111,9 %
Dividende / Action 2 1,500 3,000 4,000 4,250 4,400 4,835 5,294 5,957
Date de publication 30/01/20 28/01/21 28/01/22 01/02/23 01/02/24 - - -
1SEK en Millions2SEK
Données Estimées

En pente douce

A l'avenir, les ventes devraient croître de 2 à 5% par an pendant que les marges progresseront en pente douce. La comptabilité est facilement lisible, signe qu'il n'y a pas d'artifices sur les résultats. La génération de cash-flow libre est élevée et le bilan est robuste. Ce sont des bons points dans un contexte économique incertain. Autre atout de l'entreprise, les revenus récurrents représentent un peu plus de la moitié du chiffre d'affaires. On parle là de ventes relativement captives parce qu'elles portent sur des consommables, des prestations de maintenance ou d'intervention sur du matériel déjà installé. Plus globalement, les multiples de valorisation sont revenus sur des niveaux acceptables après les excès liés à la pandémie. Le secteur des technologies médicales bénéficie toujours d'une prime substantielle sur la moyenne du marché, mais Getinge est plutôt en queue de peloton.

Pour tempérer un peu ce tableau favorable, il faut mentionner une certaine instabilité du management ces dernières années, qui explique sans doute en partie la décote dont pâtit l'action sur ses comparables. Et des perspectives de court terme relativement prudentes, puisque les dirigeants ont prévenu que la pression sur les marges visible fin 2022 allait sans doute perdurer au premier semestre. Cela ne retire pas ses qualités fondamentales, ni défensives, au dossier.