-Le rachat des navires SeaFrance par Eurotunnel porte atteinte à la concurrence risque de faire monter les prix, selon la Commission de la concurrence

-Eurotunnel fait appel de l'interdiction prononcée par le régulateur britannique

-Cette décision intervient après la validation de l'opération par les autorités françaises

(Actualisation: détails sur l'acquisition des 3 ferries SeaFrance par Eurotunnel en 2012 et sur le feu vert accordé par l'Autorité de la concurrence française).

La Commission de la concurrence britannique a interdit jeudi à Eurotunnel (>> Ryman Hospitality Properties Inc) d'assurer son service de ferries au départ de Douvres, jugeant que cette activité limitait la concurrence et risquait de conduire à une hausse des prix du transport transmanche de passagers et de marchandise.

Le rachat par Eurotunnel de trois navires de l'ancien SeaFrance, désormais exploités par MyFerryLink, devrait porter au-dessus de 50% la part de marché du concessionnaire du tunnel sous la Manche, a estimé la Commission dans son rapport final.

Le régulateur de la concurrence a conclu qu'Eurotunnel "a décidé d'acquérir les ferries SeaFrance afin d'empêcher l'opérateur DFDS/LD de les acheter" et par crainte de voir les prix de la traversée baisser.

"Cela ne peut pas être bon pour la concurrence qu'Eurotunnel, qui détient déjà une part de marché de plus de 40%, développe une activité de ferries, particulièrement lorsqu'il le fait pour empêcher un concurrent de racheter ces ferries", a estimé le vice-président de la Commission de la concurrence, Alasdair Smith, placé à la tête du groupe de travail chargé de se pencher sur le dossier.

Eurotunnel a immédiatement annoncé son intention de faire appel de cette décision, qu'il a qualifiée "d'incompréhensible, et gravement disproportionnée". L'interdiction prononcée "réduit l'offre de service sur le détroit, au détriment du consommateur. Elle se traduira inévitablement par une hausse des prix de la traversée", a réagi le PDG d'Eurotunnel, Jacques Gounon, dans un communiqué.

Divergences franco-britanniques

Dans un rapport intermédiaire publié en février dernier, déjà contesté par Eurotunnel, l'autorité britannique avait fait part de son inquiétude quant aux atteintes à la concurrence que risquait d'entraîner cette acquisition.

Pour sa part, l'autorité française de la concurrence a validé en novembre 2012, et sous certaines conditions, le rachat d'actifs de SeaFrance par Eurotunnel.

L'opération, réalisée à l'été 2012, a permis au concessionnaire du tunnel de devenir propriétaire de trois navires du transporteur en faillite, qu'il loue désormais à MyFerryLink, une coopérative ouvrière formée par des anciens salariés de SeaFrance.

Pour obtenir le feu vert de l'autorité française, Eurotunnel s'est engagé, pour une durée de cinq ans, à ne pas accorder de remise à ses clients qui utiliseraient également le service de fret maritime de MyFerryLink.

-Thomas Varela, Dow Jones Newswires; +331 40 17 17 72; thomas.varela@dowjones.com

Valeurs citées dans l'article : Ryman Hospitality Properties Inc