LONDRES (Reuters) - Unilever a prévenu jeudi d'une baisse de ses marges cette année alors que le géant des produits de grande consommation peine à répercuter auprès de ses clients la hausse des coûts.

Le fabricant du savon Dove et de la crème glacée Magnum est d'autant plus impacté par l'inflation qu'il opère dans les pays émergents où la hausse des prix est particulièrement vive.

Le groupe a par ailleurs exclu jeudi toute grande opération de fusions-acquisitions suite aux critiques des investisseurs quant à l'échec de son offre d'achat de la branche santé grand public de GlaxoSmithKline.

Unilever prévoit une hausse de ses ventes en 2022 comprise entre 4,5% à 6,5% mais s'attend dans le même temps à une baisse de sa marge d'exploitation sous-jacente de 140 à 240 points de base, après un repli limité à 10 points de base en 2021.

Le directeur financier Graeme Pitkethly a déclaré que les coûts liés à l'inflation atteindrait deux milliards d'euros au cours du premier semestre 2022, mais a estimé qu'il s'agissait d'un pic et que ces coûts devraient tomber à environ 1,5 milliard d'euros au second semestre.

Unilever s'attend à ce que ses marges soient "restaurées après 2022, la majeure partie revenant en 2023 et le reste en 2024".

Cet avertissement soulève plus de questions que de réponses, estime Bruno Monteyne, analyste chez Bernstein.

"S'il s'agit uniquement de couvrir les coûts plus élevés des produits de base, qu'est-il advenu du pouvoir de fixation des prix ?", s'interroge-t-il. "S'il y a vraiment si peu de pouvoir de fixation des prix, qu'est-ce que cela dit de l'avenir à long terme ?".

A la Bourse de Londres, l'action Unilever reculait de plus de 3% dans la matinée.

Unilever a assuré jeudi avoir entendu les inquiétudes des investisseurs concernant l'échec du projet de rachat de la branche santé grand public de GlaxoSmithKline et a décidé d'engager un plan de rachats d'actions de trois milliards d'euros sur les deux prochaines années.

"Nous avons engagé un dialogue approfondi avec nos actionnaires ces dernières semaines et avons reçu un message fort selon lequel l'évolution de notre portefeuille doit être mesurée", a déclaré le directeur général Alan Jope dans un communiqué.

Peu après l'annonce du rejet par GSK de l'offre d'Unilever, des sources ont indiqué que le fonds spéculatif activiste de Nelson Peltz, Trian Partners, avait pris une participation dans le groupe.

Fin janvier, Unilever a aussi annoncé son intention de supprimer environ 1.500 postes d'encadrement dans le cadre d'une restructuration visant là aussi à apaiser les inquiétudes des actionnaires.

(Reportage Richa Naidu; version française Dina Kartit, édité par Blandine Hénault)